Il lui avait dit qu’il allait prendre un livre pour passer le temps. Pour elle, cette phrase était d’une grande tristesse. Comment pouvait-on lire uniquement pour passer le temps ?

Elle aurait aimé lui dire que lorsqu’elle saisit un livre, c’est pour se fondre à travers les mots et les pages pour suivre des personnages à travers des paysages souvent inconnus, pour faire un bout de chemin sur leurs chemins de vie.

Elle aurait aimé lui dire que lorsqu’elle ouvre un livre, elle vit des sentiments intenses, elle fait des découvertes qui souvent la bouleversent, elle apprivoise la peur et le bonheur, elle devient l’aventurière de tout ce qu’elle peut devenir.

Elle aurait aimé lui dire que les mots sont comme des briques de silence qui s’érigent mutuellement et le vent de l’esprit qui le traverse grâce à sa nature invisible et inaudible, donne naissance aux plus beaux voyages imaginaires.

Mais, elle ne pouvait rien lui dire, car ce vent se perçoit lorsque les mots sont sans paroles, portés par le silence d’éveil.

Une pièce musicale de Dvořák – Symphony No. 9 « From the New World » interprétée par Karajan · Berliner Philharmoniker

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