Khalil Gibran et sa mère

K Gibran

Quatre-vingt-dix pour cent de mon caractère vient de ma mère (sauf que je ne peux me targuer d’avoir sa gentillesse et sa générosité), et bien que j’éprouve quelques antipathies pour les moines, j’aime les religieuses et mon coeur les bénit. Mon amour pour elles vient peut-être de ces  » rêves mystiques  » qui enflammaient l’imagination de ma mère dans sa jeunesse. Je me rappelle ce qu’elle m’a dit un jour quand j’avais vingt ans;

 « Il aurait mieux valu pour moi et pour tout le monde que j’entre au couvent. »

« Si tu étais entrée au couvent, je ne serais pas venu au monde », dis-je.

 « Tu étais prédestiné, mon fils » répondit-elle.

 « Oui, mais je t’ai choisie pour mère longtemps avant de venir au monde » fis-je.

 « Si tu n’étais pas venu au monde, tu serais resté un ange dans le ciel.

 « Mais je suis toujours un ange ! » répliquai-je.

 Elle sourit et dit : « où sont tes ailes ? »

 Je pris ma main et la posai; sur mon épaule; « ici »

 « Elles sont brisées ! » dit-elle.

 Neuf mois après cette conversation, ma mère disparut au-delà de l’horizon bleu, mais l’écho de ses mots, « elles sont brisées » , est resté en moi, et c’est à partir d’eux que j’ai tissé la trame de l’histoire du ( livre )  » Les ailes brisées « .

New York, 28 janvier 1920, extrait d’une lettre de Khalil Gibran à May Ziadhah

Une pièce musicale HYMNE À L’AMOUR – Édith Piaf/Marguerite Monnot – Paris Tour Eiffel – Gautier Capuçon

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