Propos sur la racine des légumes

Jardin secret

Il faut avoir gardé le silence pour savoir qu’on s’épuise à trop parler.

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Le cœur humain est inconstant, les routes du monde sont escarpées. Quand on est arrêté par un obstacle, il faut connaître l’art de reculer d’un pas. Quand on avance sans obstacle, il faut avoir le mérite de ne pas occuper toute la place.

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Les tempéraments impatients sont un feu qui brûle tout ce qu’il touche. Les cœurs secs sont une glace qui gèle tout ce qu’elle touche.

Les gens qui se figent dans leur obstination sont comme de l’eau stagnante ou du bois mort. La vie est tarie en eux, ils peuvent difficilement faire œuvre qui vaille où apporter du bonheur autour d’eux.

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Les adeptes du chan disent : « Mange quand tu as faim, dors quand tu es faigué. » Les maîtres de poésie disent : « Utilisez les mots de tous les jours pour décrire ce que vous avez sous les yeux. »

En effet, les plus subtils mystères s’expriment par les choses les plus ordinaires, le plus inaccessible apparaît à travers le plus accessible. Ceux qui sont mus par une intention s’éloignent de la Voie, ceux qui sont sans dessein précis s’en approchent.

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C’est dans la vacuité du cœur que notre vraie nature se révèle. Si notre cœur ne cesse d’être agité, il est aussi vain de chercher à y voir notre vraie nature que de vouloir pêcher la lune dans l’eau.

C’est dans la pureté des intentions que le cœur est vraiment limpide. Si nous ne sommes pas transparents, il est aussi vain de vouloir avoir le cœur limpide que de chercher son image dans un miroir empoussiéré.

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Lorsque l’univers est silencieux, on écoute avec une délectation particulière un oiseau qu’on entend soudain chanter. Lorsque la végétation est morte, on comprend la puissance de l’élan vital en voyant soudain une fleur éclose.

Cela montre que ce qui vient du ciel ne meurt jamais tout à fait, que l’éternel mouvement peut toujours repartir.

Zicheng Hong dans Propos sur la racine des légumes

Une pièce musicale de Secret Garden- Song from a Secret Garden