Pour traverser la tempête

thich nhat hanh-

Nous avons peur de choses extérieures à nous-mêmes, de tout ce sur quoi nous n’avons aucun pouvoir de contrôle. Nous sommes inquiets à l’idée de tomber malade, de vieillir, de perdre les choses que nous aimons le plus. Nous essayons de nous cramponner à ce qui est important : notre position sociale, ce que nous possédons, ceux que nous aimons. Mais le fait de se cramponner n’enlève pas la peur. Un jour ou l’autre, nous devrons quitter tout ce qui est précieux à nos yeux, nous ne pourrons pas l’emporter avec nous.

Nous pensons peut-être qu’en ignorant nos peurs, elles vont disparaître. Mais si nous enfouissons nos soucis et nos angoisses dans notre conscience, ils continuent de nous tracasser, de nous causer de la peine. Nous avons surtout peur de perdre tout pouvoir. Cependant nous avons le pouvoir de regarder profondément dans nos peurs, et alors elles ne pourront plus nous dominer. Nous pouvons transformer la peur. En vivant pleinement dans le moment présent, ce que nous appelons « la pratique de la pleine conscience », nous pouvons avoir le courage de faire face à nos peurs, et alors nous ne serons plus le jouet de ces peurs. Vivre en pleine conscience, c’est regarder profondément, toucher notre vraie nature qui est l’inter-être et reconnaître que rien n’est jamais perdu.

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La première chose à faire pour regarder notre peur est juste de l’inviter dans notre conscience, sans la juger. Nous acceptons simplement le fait qu’elle existe. Cela apporte déjà un grand soulagement. Puis, une fois que la peur s’est calmée, nous pouvons l’embrasser tendrement et regarder profondément dans ses racines, dans ses sources. Le fait de comprendre les origines de nos angoisses et de nos peurs va nous aider à nous en libérer. Est-ce que cette peur vient de quelque chose qui a lieu en ce moment ou s’agit-il d’une vieille peur, une peur de quand nous étions petits, qui serait restée enfouie à l’intérieur de nous-mêmes ? Lorsque nous faisons cette pratique d’inviter nos peurs à se manifester, nous prenons conscience que nous sommes toujours en vie, que nous avons encore beaucoup de choses à apprécier autour de nous. Si nous ne sommes pas occupés à réprimer et gérer nos peurs, nous pouvons apprécier le soleil, le brouillard, l’air et l’eau. Si vous pouvez regarder en profondeur votre peur et en avoir une vision claire, vous pouvez vraiment vivre une vie qui en vaut la peine.

Thich Nhat Hanh dans La peur : Conseils de sagesse pour traverser la tempête

Une pièce musicale de Michel Pépé – L’ Apaisement

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