La montagne et sa symbolique

Une montagne comporte deux versants : l’un est ombré, l’autre exposé au soleil. D’où leurs noms d’ubac et d’adret correspondant à une harmonie cosmique.

« Dieu sépara la lumière de l’obscurité », d’après le texte biblique (Gn 1, 5). Le Zohar commente cette affirmation en disant : « Jusqu’à ce point, le principe masculin était représenté par la lumière et le principe féminin par l’obscurité ; ils furent ensuite unis ensemble et faits un. Ce qui sert à distinguer la lumière de l’obscurité n’est qu’une différence de degré ; les deux sont de la même nature, car il n’y a pas de lumière sans obscurité ni d’obscurité sans lumière. »

Auteur d’un ouvrage consacré à la mystique juive, Édouard Hoffman fait allusion au taoïsme selon lequel les termes yin et yang désignent les deux flancs d’une montagne.

Suivant l’interprétation cabalistique, la partie lumineuse positive est appelée « le roi » ; l’ombre désigne « la reine ». Ces deux partenaires s’unissent et engendrent des énergies nouvelles dans le cosmos.

L’être humain est ainsi composé d’ombre et de lumière, de féminin et de masculin. De leur équilibre ou déséquilibre dépend l’harmonie de l’homme. Le rapport intime entre le macrocosme et le microcosme, considéré comme primordial par les écrivains médiévaux, a été peu à peu oublié. Au cours de l’année, les différentes saisons sont soumises à la domination passagère du féminin ou du masculin. Un désordre, modifiant le comportement habituel de la nature, n’est pas sans effet sur l’existence humaine individuelle. L’âme du monde (anima mundi) et l’âme animatrice du corps humain entretiennent entre elles d’étroits contacts. Ainsi les deux versants de la montagne coexistent et ne sont jamais séparés. L’humide féminin et le sec masculin forment une totalité.

Ces deux versants maintiennent une fixité. En effet, à ce double visage correspondent des végétations et des arbres d’essences diverses qui ne sauraient varier. Toutefois, au sommet, la roche nue présente un aspect unique avant l’accès aux neiges et aux glaciers.

Marie-Madeleine Davy dans La montagne et sa symbolique

Une pièce musicale de Ludovico Einaudi – The Mountain

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