Sur les chemins de Chine

Alors que le temps court, que les jours, les semaines et les mois se succèdent, que les paysages défilent, j’ai l’étrange sensation de ne pas avoir encore satisfait mes espérances. Le sentiment que le but profond de mon entreprise est souvent noyé sous des objectifs matériels, et bien moins fondamentaux. J’ai pris la route pour tenter d’approcher la vie d’une autre manière, voir le monde à hauteur d’homme, de ceux mêmes dont je dresse les portraits dans les petits cahiers de cuir noir qui m’accompagnent partout. Je ressens encore en moi, criants, les désirs, les passions, l’urgence à vivre et la précipitation dans l’action. Je ressens encore cette avidité face à la vie qui est mon moteur, mais sonnera aussi mon glas. Je sais de mieux en mieux définir cependant ce à quoi j’aspire. J’aspire à ce calme intérieur qui transpire dans chacun des gestes des gens heureux.

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Oui je sais ce à quoi j’aspire, et je mesure le chemin à parcourir, plus difficile que celui que j’arpente de mes pas.

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Le désir de voyage naît de l’émotion brute que procure la contemplation des éléments : une ombre sur la route, une lumière à travers les branchages, un souffle de vent. Qu’est le voyage, sinon cet espace de liberté dans lequel un individu peut assouvir un temps donné sa réceptivité aux détails du monde, ceux qui perdent leur sens dans un quotidien soumis aux exigences de la rentabilité.

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Avant de vous révéler ses secrets, la route vous encrasse, vous ôte du corps cette pellicule de propreté, dilue dans la saleté la contenance des quotidiens ordinaires.

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Ici, je suis la voyageuse, la voyageuse, un témoin de vies anonymes que j’écris jour après jour, que ces vies soient celles de Hans, Ouïghours, de Tibétains ou d’autres encore.

Clara Arnaud dans Sur les chemins de Chine

Une pièce musicale de Raflum – Here Comes The Evening

2 réflexions sur “Sur les chemins de Chine

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