Sâdhâna

L’émancipation consiste pour notre nature physique à trouver la santé, pour notre être social à trouver la bonté, pour notre moi à trouver l’amour.

C’est ce dernier que le Bouddha appelle extinction – l’extinction de l’égoïsme.

C’est la vraie fonction de l’amour, qui ne conduit pas à l’obscurité, mais à l’illumination ; c’est l’obtention de bodhi, le véritable réveil ; C’est la révélation en nous de la joie infinie par la lumière de l’amour.

Notre moi évolue par la voie du moi isolé, qui est indépendant, jusqu’à ce qu’il atteigne l’âme, qui est harmonieuse.

La coercition ne peut jamais nous conduire à cette harmonie.

De même notre volonté, dans le processus de sa croissance, doit passer par l’indépendance et la rébellion avant d’arriver à son accomplissement ultime.

Nous devons pouvoir jouir de la forme négative de la liberté, qui est licence, avant de pouvoir atteindre la liberté, positive, qui est l’amour.

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A l’un des pôles de mon existence, je ne fais qu’un avec les cailloux et les branches des arbres. Là je dois me soumettre au joug de la loi universelle. C’est là, au fond, que se trouve la base même de ma vie. Et sa force vient de ce qu’elle est étroitement enserrée dans l’ensemble du monde, de ce qu’elle est en pleine communauté avec toute chose.

Mais à l’autre pôle de mon existence, je suis distinct de tout le reste. Là j’ai rompu les barrières de l’égalité et je me trouve seul, en tant qu’individu. J’y suis absolument unique, je suis moi, je suis incomparable. Toute la masse de l’univers ne pourrait pas écraser cette individualité qui est mienne. Je la maintiens malgré la formidable gravitation de tout ce qui existe*

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L’universel cherche toujours sa consommation dans l’unique. Et le désir que nous avons de conserver intacte notre unicité est en réalité le désir de l’univers qui agit en nous. C’est notre joie de l’infini en nous qui fait que nous trouvons de la joie en nous-mêmes.

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Ainsi notre intellect a pour fonction de réaliser la vérité par la voie de l’erreur, et notre connaissance consiste uniquement à brûler sans cesse l’erreur pour libérer la lumière de la vérité.

Rabindranath Tagore dans Sâdhâna

Une pièce musicale de Anoushka Shankar- Reunion

3 réflexions sur “Sâdhâna

  1. Il a déjà écrit que Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors. Dans sa façon de concevoir les choses, et c’est très présent en Orient, l’intellect ne peut remplacer l’expérience pour se réaliser. C’est une voie de passage parmi d’autres. Bonne journée

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