Une yogini impertinente

Colette : Comment cette aventure a-t-elle commencé ? Pourquoi ?

Eva : Pour moi, c’est la découverte de quelque chose qui améliore, qui rend meilleur, je dirais, quelque chose d’indéfinissable. Une manière de réalisation autre que la morale judéo-chrétienne, sans autodépréciations ! Et cela est fort précieux. On commence le chemin mais on ne sait ni où ni comment cela finira. Le yoga est un imprévisible voyage. Souvent l’entrée dans le yoga se fait pour des raisons banales, des motivations ordinaires, maigrir, s’assouplir… C’est humain ! Progressivement on devient témoin d’une insensible transformation, cette fameuse « manière de se faire » selon la formule de Masson-Oursel. Ce bonheur rencontré, au gré des séances, on peut, on sait peu à peu le raviver, on en devient co-créateur. On n’est plus passif par rapport à sa vie.

Colette : C’est comme retrouver un état oublié, d’amitié avec soi-même ?

Eva : Oui, une sorte de récupération de conscience, en lien avec ce que j’appelle mon « animal »8 profond. Tout se passe comme si se recréait un échange épistolaire, hebdomadaire, de séance en séance. On envoie des signaux, on écoute les réponses, les échos, les résonances.

Colette : Quel sens cette approche donne-t-elle à l’existence ? Est-ce de l’ordre d’une recherche ?

Eva : Pour tout dire, je travaille à être gymnosophe9. S’accueillir, se surprendre soi-même à mieux tolérer les changements psychologiques : les états de colère, de tristesse, aigus, disparaissent ou du moins diminuent. Ou bien on « joue », si besoin est, une colère téléguidée !

Je ressens le corps comme une sorte de bain intérieur sur lequel on peut vraiment agir par la pratique, la respiration, l’alimentation, la réflexion. C’est d’autant plus important que tous nos instruments intérieurs baignent dans cette mer incluse : ce bain ambiant participe à la fois de la protection, du soutien, de la transmission des informations. Pour l’Orient, l’arbre somatique est par excellence le filtre à connaissance. Ce que nous appelons le corps est pour l’hindou un raccourci de la multiplicité cosmique, notre maillon de l’univers. Pour réhabiliter ce corps-medium, des techniques diverses ont été mises au point, presqu’autant qu’il y a d’êtres humains ! En choisissant entre toutes une technique où la respiration était en priorité continue, j’ai fait métier de partager l’expérience d’un corps aménagé.

Bonne nouvelle ! Par le haṭha-yoga, tout homme peut modifier la couleur de sa mer intérieure, transmettre la transparence de proche en proche, d’un organe à l’autre. Preuve en est l’échange au niveau des alvéoles pulmonaires, de là l’oxygène irrigue toutes les cellules du corps. Il est prouvé qu’une respiration lente maintient une meilleure oxygénation du sang. Or la qualité respiratoire exerce une influence sur l’équilibre mental. Ce n’est donc pas anecdotique de « bien » respirer, cela nous engage tout entier dans un état plus ou moins harmonieux.

Colette Poggi dans Dans la confidence du souffle – Rencontre avec Eva Ruchpaul, une yogini impertinente

Une pièce musicale If you want to sing out – Cat Stevens

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/260674.html

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