Voyageuses

Peu importe la destination, il y en a une qui saura provoquer ce sentiment imprévisible au creux du ventre, comme quand vous tombez amoureuse.

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Je sentais la crasse sur mon corps comme si mille douches n’avaient pas suffi à me laver de cette histoire. Et tard, au cœur des nuits d’angoisse, je sentais mes jambes fourmiller des kilomètres non parcourus.

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 Une fois que les mots ont bu toute la sève du vécu, que l’on se retrouve exsangue au port d’attache, il ne reste plus qu’à repartir

Il y a eu cette phrase brutale, un matin, assise sur le pont où je venais de dormir, cette conscience qu’on pouvait vivre autrement, puis insidieusement, en trois semaines, la vie s’infiltrait partout.

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 Le voyage rappelle à nous un instinct qui favorise l’intuition.

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Je ne crois pas au mythe du voyageur-né, qui n’est pas fait pour s’enraciner, qui pousse mieux ailleurs. Car ailleurs, même en mouvement, devient un jour ici.

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Il devient alors vital de construire quelque chose de terriblement personnel, comme une conspiration des hasards où les sens et les talents sont en jeu, et où l’on est pleinement habité par la réalisation suprême de son âme. Comme un karma qui arrive à maturité, il n’existait alors d’autres chemin, et celui qui s’ouvrait devant moi comme un parterre de pétales de fleurs, paraissait fortement protégé et peuplé de guides

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La seule chose qui différencie la voyageuse du voyageur, c’est le regard que lui porte la société dont il vient. Pour ma part, c’est précisément le voyage qui m’a donné le goût d’être une fille. Parce que le voyageur n’a pas de genre, parce qu’il est un éphémère à la surface de ce monde, j’ai eu envie de féminité, de tenues ajustées et de maquillage léger.

Clara Arnaud, Aude Créquy, Yanna Byls et Anne Brunswic dans Voyageuses

Une pièce musicale de Kitaro – Time Traveller

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