Oscar et la dame rose

J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau: on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n’était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Moi qui ai cent ans, je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N’importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou à vingt ans, mais à cent, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence.

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Si je m’intéresse à ce que pensent les cons, je n’aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents.

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Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N’importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou vingt ans, mais à cent, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence.

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J’ai compris que tu étais là. Que tu me disais ton secret : regarde chaque jour le monde comme si c’était la première fois.

Alors j’ai suivi ton conseil et je me suis appliqué. La première fois. Je contemplais la lumière, les couleurs, les arbres, les oiseaux, les animaux. Je sentais l’air passer dans mes narines et me faire respirer. J’entendais les voix qui montaient dans le couloir comme dans la voûte d’une cathédrale. Je me trouvais vivant. Je frissonnais de pure joie. Le bonheur d’exister. J’étais émerveillé.

Merci, Dieu, d’avoir fait ça pour moi. J’avais l’impression que tu me prenais par la main et que tu m’emmenais au cœur du mystère contempler le mystère. Merci.

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Écrire, ce n’est rien qu’un mensonge qu’on enjolive.

Eric-Emmanuel Schmitt dans Oscar et la dame rose

Une pièce musicale Les Anges sur les Tombes [Oscar et la Dame Rose – Michel Legrand]

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