La Bienheureuse insécurité

Tout le monde est doué d’amour, mais celui-ci ne peut se manifester que lorsqu’on est convaincu qu’il est impossible et frustrant de vouloir s’aimer soi-même.

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La mort est l’inconnu où chacun d’entre nous a vécu avant de naître.

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La vraie raison pour laquelle la vie peut paraître parfois tellement exaspérante et frustrante, ce n’est pas parce qu’il existe ce que l’on appelle la mort, la douleur, la peur ou la faim. Mais là où rien ne va plus, c’est que face à ces événements, nous nous mettons à bourdonner et tourner en rond comme des mouches affolées, pour essayer de maintenir notre « ego » hors de l’expérience. Nous nous prenons pour des amibes, et nous essayons de nous protéger de la vie en nous séparant en deux. Mais le bon sens et l’intégrité voudraient que nous comprenions que nous ne sommes pas séparés, que l’homme et son expérience présente ne forment qu’un seul tout, et qu’il n’existe pas d’« ego » ou d’esprit séparé.

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Si paradoxal que cela puisse paraître, nous ne découvrirons de même un sens à notre vie que lorsque nous réaliserons qu’elle est tout à fait dépourvue de but, et nous ne connaîtrons les « mystères de l’univers » que lorsque nous serons intimement convaincus que nous n’en connaissons encore rien.

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J’ai toujours été fasciné par la loi de l’effort inversé. Je l’appelle parfois la loi des « effets contraires ». Si l’on essaie de flotter à la surface de l’eau, on coule, mais si l’on essaie de couler, on flotte. Si l’on essaie de retenir son souffle, on le perd – et ceci me rappelle un vieux dicton oublié : « Quiconque voudra sauver son âme, la perdra. »

Alan Watts dans Bienheureuse insécurité

Une pièce musicale Goa Sunset