Nous sommes tous des gens du voyage. Et ce voyage est la vie.
Nous traversons l’un après l’autre des pays où les perspectives et les aventures ne se comparent pas entre elles, où change jusqu’à la perception que nous avons des êtres, des choses, du temps et de l’espace.
Ces pays ont leurs villes, leurs campagnes, leurs monts et leurs mers – et les cols vertigineux qui les séparent en font des territoires autonomes dont l’exploration successive constitue l’existence humaine.
Cette traversée, nous ne l’effectuons pas seuls, mais, bon gré mal gré, avec la caravane de la génération avec laquelle nous nous sommes mis en marche et dont les rangs iront s’éclaircissant jusqu’au terme.
Tantôt pleine d’ardeur, elle nous porte de son élan; tantôt rétive et incertaine, elle nous grève de son anxiété.
En route, nous croisons d’autres caravanes venues d’autres âges – et ces haltes ou ces bouts de chemin filés ensemble sont autant de moments exaltants.
Nous nous attardons au récit de ces voyageurs évoquant des lieux que nous avons connus autrefois et dont chaque détail nous attache – ou des contrées dont nous ne savons rien encore, sinon la crainte ou la fascination que lèvent en nous les mots.
Certains épisodes du périple créent une illusion passagère de sédentarité.
Pour un pays que nous quittons pleins d’impatience, il en est d’autres où nous eussions aimé nous attarder – et où l’arrêt d’expulsion lorsqu’il nous atteint nous met au désespoir.
Le tragique aussi fait partie du viatique.
Et quiconque tente de l’esquiver en fixe la brûlure.
Une révélation guette celui qui avance le cœur et les yeux ouverts – sans précipitation et tant qu’il se peut sans regret.
Après s’être vu dépouillé en chemin de ce qu’il avait un temps possédé, le voilà bientôt, à sa grande surprise, comblé d’autres biens dont il ne soupçonnait, jusqu’alors, ni l’existence ni le prix.
Celui qui n’a pas reconnu que la vie est incessante métamorphose n’aura pas sa part du miracle.
Étranger, tant au pays qu’il traverse qu’à celui qu’il convoite, il se verra, tout comme la femme de Loth qui rechignait aussi à avancer, transformé en statue de sel.
Christiane Singer dans Les âges de la vie
Une pièce musicale James Spiteri – Travelling
Plaisir, bonne fin de journée
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Magnifique texte, très touchant et profond, une invitation à méditer sur le sens que chacun veut donner au cheminement de son existence. Merci pour ce partage.
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Plaisir.c’est vraie que cette dame est toujours inspirante. Bonne journée
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Merci Daniel….
Magnifique article de grande réflexion en présence de madame Singer que j’aime beaucoup…
Merci également pour cette découverte musicale ….j’aime beaucoup….je m’y abonne sur you tube…
Mes amitiés
Manouchka
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