Amun

Je rêve. Je rêve d’un monde féerique. D’un monde où tout le monde sourit. Où règne un ravissement enchanteur. Aucun préjugé. Le mal n’existe pas. La menterie n’existe pas. La loyauté est là. Aucune jalousie. Aucun maraudage. De la fraternité. Un peuple réuni. Un monde irréprochable. Un monde trop inaccessible…

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Son origine amérindienne, une fois dévoilée, lui apportait son lot de propositions d’accommodements raisonnables. Elle en avait lu de toutes les sortes. Du fantasme classique de Pocahontas, avec parfois la variante de porter le petit costume à franges, au commentaire « j’ai jamais essayé ça, avec une Amérindienne » qu’elle classait dans les catégories « essai routier » et « connard de première ».

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J’aime la relative solitude de notre monde de nomades au milieu de la forêt et de ses chants. Mais au printemps, je ressens le besoin de voir les autres. Chaque famille sort du bois et refait en sens inverse le long chemin qui, à l’automne, l’a menée jusqu’à son territoire. Sauf qu’en redescendant ça va plus vite et, surtout, c’est plus facile.

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Je n’aime pas le temps. On dit tellement souvent qu’on voudrait revenir en arrière pour corriger nos erreurs, mais même lorsqu’on marche à reculons le temps continue d’avancer. Ce que je sais du temps, c’est qu’il se fait mesquin et qu’il nous vole nos vies.

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Devenons nos désirs au lieu de les quérir comme un braconnier.

Michel Jean dans Amun

Une pièce musicale de Elisapie – Arnaq

https://www.magazinesocan.ca/features/elisapie-raconter-les-choses-immenses/