L’origine

D’où suis-je venu ? Où m’as-tu trouvé ? demande bébé à sa mère.

Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond : Tu étais caché dans mon cœur, mon chéri, tu étais son désir.

Tu étais dans les poupées de mon enfance.

Et quand, chaque matin, je modelais dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.

Tu étais sur l’autel avec la divinité de notre foyer ; en l’adorant, je t’adorais.

Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, dans la vie de ma mère, tu as vécu.

L’Esprit immortel qui préside à notre foyer t’a choyé dans son sein de tout temps.

Dans l’adolescence, quand mon cœur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais, comme un parfum flottant.

Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.

Toi, le chéri du ciel, toi dont la sœur jumelle fut la lumière du premier matin, tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon cœur.

Tandis que je contemple ton visage, la vague du mystère me submerge : Toi qui appartiens à tous, tu m’as été donné !

De crainte que tu ne m’échappes, je te tiens serré sur mon cœur.

Quelle magie a donc livré le trésor du monde à mes bras frêles ?

*

Je sens que toutes les étoiles palpitent en moi

Le monde jaillit dans ma vie comme dans une eau courante

Les fleurs s’épanouiront dans mon être

Tout le printemps des paysages et des rivières

Monte comme un encens dans mon cœur

Et le souffle de toute chose

Chante en mes pensées comme une flûte.

Rabindranath Tagore dans Le jardinier d’amour

Une pièce musicale de Vangelis – Origins (Arrival)

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