La liberté ou la mort

Tu comprends maintenant ma lubie d’apprendre à écrire ? fit-il. J’avais mon idée. Je compte couvrir le village d’inscriptions. Je ne laisserai pas un mur, je monterai même sur le clocher, j’irai à la mosquée et partout j’écrirai : La Liberté ou la Mort ! La Liberté ou la Mort !… avant de mourir… »

Tout en parlant, il écrivait les mots magiques à grands coups de pinceau et reculait de temps en temps pour admirer son travail. Il suffisait donc d’aligner quelques bâtons et quelques ronds pour que tout cela se mette à crier comme une bouche d’homme, un gosier, une âme. Ce mystère continuait à l’étonner. « Dis-moi, Thrassaki, demandait-il parfois à son petit-fils, c’est vrai que ces signes-là sont des choses vivantes qui parlent ? Comment se fait-il qu’elles parlent ? Ô Seigneur, tu es un magicien !

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Comme elle est belle, la Crète, murmura-t-il. Comme elle est belle! Je voudrais être un aigle pour l’admirer du haut du ciel. En vérité, si un aigle passait au-dessus d’elle au beau milieu du jour, il jouirait de toutes ses beautés: des ondulations de son corps bronzé par le soleil, de ses rivages lumineux, les uns clairs et sablonneux, les autres sauvages, abrupts et rouges comme du sang.

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Je voudrais que les étrangers sachent ce que nous avons enduré, quel chemin escarpé et ensanglanté nous suivons et combien lourd est le destin de la Grèce… Pleines de larmes et de plaies sont la Grèce et la Crète.

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Dans ma vie, mes plus grands bienfaiteurs ont été les voyages et les rêves.

Nikos Kazantzakis dans La liberté ou la mort

Une pièce musicale Liberté, Angélique et Photis Ionatos

Les paroles sur http://chantalbouhanna.eu/index.php/2014/02/04/liberte/

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