Un moine errant

Tous les jours, Patrul Rinpoché partait vers un endroit retiré pour effectuer sa pratique, tandis que son disciple de cœur Nyoshul Lhoungtok restait au pied d’un grand sapin où il pratiquait également avant de préparer le thé. À son retour, Patrul s’asseyait avec lui.

Un soir, au crépuscule, Patrul étendit son tapis de feutre et s’allongea sur le dos pour contempler le ciel et y mêler son esprit. Loungtog fit de même. Patrul lui demanda :

– Tu vois les étoiles qui brillent dans le ciel ?

– Oui.

– Tu entends les chiens qui aboient au monastère de Dzogchèn ?

– Oui.

– Tu entends ce que nous disons ?

– Oui.

– Eh bien, c’est cela même !

Lhoungtok confia plus tard à ses propres disciples : « À cet instant même, j’ai été introduit directement à la nature de la conscience éveillée, vide, dans toute sa nudité ! Une certitude inébranlable m’a envahi du tréfonds de moi-même et m’a libéré de tous mes doutes. »

La présence de son maître et les nombreuses années de pratique de la méditation constituèrent, à ce moment-là, une conjoncture propice qui induisit de la manière la plus simple qui soit cette profonde réalisation de la sagesse primordiale, l’inséparabilité de la conscience éveillée et de la vacuité.

Matthieu Ricard dans Carnets d’un moine errant

Une pièce musicale de Nils Frahm – Says

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