Mirra Alfassa

Il est évident que ce qui caractérise spécialement l’humanité, c’est cette capacité mentale de se regarder vivre. L’animal vit spontanément, automatiquement, et s’il se regarde vivre, ce doit être à un degré tout à fait infime et sans importance, et c’est pour cela qu’il est paisible, qu’il ne se tourmente pas.

Même si un animal souffre parce qu’il lui est arrivé un accident ou qu’il est malade, cette souffrance est réduite au minimum par le fait qu’il ne l’observe pas, qu’il ne la projette pas dans sa conscience et dans l’avenir, qu’il ne se fait pas des idées sur sa maladie ni sur son accident.

Avec l’homme, a commencé ce souci perpétuel de ce qui va arriver, et ce souci est la cause principale, sinon unique, de son tourment. Avec cette conscience qui s’objective, ont commencé l’anxiété, les imaginations douloureuses, le souci, le tourment, cette prévoyance des catastrophes futures qui font que la majorité de l’humanité – et non la moins consciente : la plus consciente – vit dans un tourment perpétuel.

Il est trop conscient pour être indifférent, il n’est pas assez conscient pour savoir ce qui se passera. Vraiment on pourrait dire sans se tromper que de toutes les créatures terrestres, il est la plus misérable.

L’être humain est habitué à être comme cela parce que c’est un état atavique qu’il hérite de ses ancêtres, mais c’est vraiment une condition misérable. Et c’est seulement avec cette capacité spirituelle de s’élever à un niveau supérieur et de remplacer l’inconscience de l’animal par une super-conscience spirituelle, que s’introduit dans l’être non seulement la capacité de voir le but de l’existence et de prévoir l’aboutissement de l’effort, mais aussi une confiance clairvoyante en une puissance spirituelle supérieure à laquelle on peut s’abandonner, se confier, donner la charge de sa vie et de son avenir, et ainsi abandonner tout souci.

Mirra Alfassa dans Entretiens

Une pièce musicale de Lord Sitar – Blue Jay Way 1968

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