L’esprit du Tibet

Photo d’Olivier Föllmi

Pour conquérir les hautes terres de la nature incréée de l’esprit, il faut retourner à la source et reconnaître l’origine des pensées.

Sinon une pensée en engendre une autre, qui en engendre une troisième, et c’est sans fin. Sous assaut continuel des souvenirs du passé et des projections dans le futur, nous perdons totalement conscience du présent.

Ce qui nous fourvoie dans le samsara, le cercle vicieux des existences, c’est notre propre esprit.

Aveugles à la nature de l’esprit, nous nous accrochons aux pensées, qui sont pourtant le rejaillissement même de cette nature. Et notre conscience se fige en concepts solides, comme ceux de moi et d’autrui, d’agréable et de déplaisant, et nombres d’autres. Voilà comment prend forme la ronde des existences.

Si, au lieu de laisser nos pensées se solidifier, nous reconnaissons qu’elles sont vides, chaque pensée qui surgit et disparait dans l’esprit devient un moyen de comprendre cette vacuité de plus en plus clairement.

Au cœur de l’hiver le froid fait geler les rivières et les lacs ; l’eau devient si solide qu’elle peut porter hommes, bêtes et véhicules. Quand vient le printemps, la terre et l’eau se réchauffent et dégèlent. Que reste-t-il de la solidité de la glace ? L’eau est molle et fluide, la glace est dure est figée, elles ne sont donc pas identiques. Mais elles ne sont pas non plus différentes, puisque la glace n’est que de l’eau figée et l’eau de la glace fondue.

Matthieu Ricard dans L’esprit du Tibet

Une pièce musicale Tibetan Song Taktsang Nechok – Dorje Tsering

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