Dégouttant

Combien nous faut-il de gouttes tombant sur nous avant que nous commencions à réagir à la pluie ?

Certains vont partir à courir, d’autres se mettent un sac au-dessus de la tête, les personnes prévoyantes vont tout simplement ouvrir le paramouille (oui je sais la majorité parle de parapluie) et un certain nombre vont simplement continuer à avancer en reconnaissant la fatalité de la situation.

Nous pourrions faire une étude, et à partir d’une collecte de donnée, déterminer qu’en moyenne, après 20 gouttes de pluie, les passants commencent à réagir.

Ces résultats soulèveront d’autres questions. Par exemple, comment peut-on être certain que les répondants à l’étude ont ressenti la première goutte ? Y aurait-il en fait un certain nombre de gouttes qui n’ont pas été prises en compte ?

Cela amènera immanquablement d’autres questions. Est-ce que les gouttes non ressenties s’expliquent par le manque d’attention des passants ou simplement, parce que celles-ci sont tombées à un endroit éloigné de la peau, par exemple sur la partie du col du manteau ?

Essayer de comprendre un phénomène est une démarche instructive, elle nous permet de mieux comprendre notre environnement, ce que nous vivons.

L’enjeu est le phénomène de généralisation qu’il nous arrive parfois d’instaurer. Je risque de réagir à la pluie au bout de 20 gouttes, ce qui me donne le temps de réagir. Et j’en arrive à développer au regard de la pluie une forme d’aversion.

Il n’y a jamais des conditions en tout point aux expériences précédentes. Parfois, les gouttes de pluie sont plus grosses et lourdes, parfois elles tombent plus intensément.

Un jour, j’étais dans une région du monde où il faisait très chaud et c’était le début de la mousson. Je n’ai pas su décoder les signes avant-coureurs du mur de pluie qui s’est abattue sur moi. J’étais complètement trempé au bout de 20 secondes. Au lieu de m’enfuir, je me suis arrêté, puis j’ai ressenti la pluie sur moi avant de recommencer à marcher.

Depuis, je tente de me protéger de la pluie seulement lorsque c’est nécessaire, par exemple lorsque je me rends à une rencontre de travail et que je dois préserver mon habit.

Lorsque nous cessons de généraliser et de nous créer des peurs, nous avons accès à des expériences qui peuvent s’avérer enrichissantes.

Je sais maintenant qui est parfois plaisant et même amusant d’être un être dégouttant… de pluie.

Une chanson de Daniel Bélanger – Le parapluie

Les paroles sur https://laboiteauxparoles.com/titre/56591/le-parapluie

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