Les orages

Photo – Mich Dobrowner et Roger Hill

Les orages de nos vies sont bien peu de choses au regard de la puissance des éléments, de l’infini de l’univers, et pourtant ils prennent tout notre espace, toute notre énergie. Ils nous aveuglent, nous broient le cœur.

Ils nous bouleversent au-delà des mots.

Je vois la rage à peine retenue, les corps tendus, les mots acerbes, nés de ce sentiment d’impuissance, mêlé de celui d’injustice, d’avoir fait comme il fallait, encore et encore sans jamais atteindre le résultat escompté, ou si peu.

Je vois l’incompréhension, la fragilité, la peur de se rompre, se transformer en colère douloureusement et fragilement contenue, menaçant de se déverser à tout instant telles les eaux torrentielles débordant un frêle ouvrage.

Ainsi vont ceux, nombreux, qui se sentent trahis par la vie, démunis face à elle, empêtrés dans leurs contradictions.

On appelle ces moments de détresse, crise de ceci-cela, crise de l’adolescence, crise de la quarantaine, cinquantaine, que sais-je ?

On aime tellement nommer les choses, les étiqueter. C’est une façon de les contenir de leur donner des limites qui nous rassurent.

Quel que soit le moment où cela se manifeste, cependant, il s’agit toujours de la révolte de « l’être » qui n’en peut plus d’être nié.

Nous avons été enseignés, dressés presque, à la compétition dont l’ultime récompense serait le droit, illimité autant qu’inutile, à la consommation, comme des lévriers à la course.

Seulement « l’être » ne se nourrit pas de produits manufacturés, ni de quelque avoir que ce soit.

Il est. Le tout, le rien, en tout, en rien.

Qui que nous soyons au sein de la société, quoi que nous y fassions, avant toute chose nous sommes cet être infini.

Pour trouver la joie, l’harmonie, l’équilibre, nous avons à retrouver cette part de nous étouffée, muselée.

Pour contacter « l’être » que nous sommes, il nous faut pacifier avec le temps. Celui de désapprendre nos réflexes conditionnés et de réapprendre la simplicité, l’authenticité.

Apprendre à accueillir, soi tout entier, et aussi tout ce qui est, les autres, et tout ce qui nous est présenté à expérimenter, du plus réjouissant au plus déplaisant.

Nous accueillir nous-même dans tout ce que nous avons manifesté, manifestons et manifesterons encore parfois, ce qui nous plait autant que ce que nous abhorrons, pour nous libérer de tout ce qui ne nous convient plus et doucement laisser émerger notre vraie nature qui est d’aimer.

Aimer par nature.  Aimer comme être. Le tout le rien. Juste aimer, juste être.

Angélica Mary www.angelica-mary.fr

Une pièce musicale de Kham Meslien- À travers les orages

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