Au présent

Être là, enfin.

Au présent.

Quand s’abolissent les frontières qui me séparent du monde.

Quand reflue ma conscience, ne laissant que l’instant jaillir comme une source. Être là comme un brin d’herbe parmi les autres brins d’herbe, malmené par l’hiver, bruni par la neige, secoué par le vent. Être là, sans plus de quand ni de pourquoi.

M’échapper à moi-même…

*

Il n’est pas forcément nécessaire de nous enfermer dans un monastère ou de partir méditer au fin fond de l’Inde. Peut-être nous faut-il juste penser à respirer.

Lentement.

Être là maintenant.

Corps et âme.

Là. Dans l’humble et insignifiant moment présent qui toujours nous échappe, engoncés que nous sommes dans cette fatalité humaine qu’est la conscience du temps…

*

Débrancher.

Renouer, si peu que ce soit avec les cycles naturels. Aller jour après jour des ténèbres de l’hiver aux éclosions du printemps, des marées d’équinoxe aux mystérieux solstices.

Se connaître soi-même comme un être cyclique, avec ses temps de force et de faiblesse, ses moments fertiles et ses périodes où l’énergie reflue.

Laisser la Terre tourner.

*

J’aime à la folie cette ronde des saisons propre à nos latitudes tempérées, qui fait passer les collines du brun au vert puis à l’or poussiéreux des moissons. Qui chaque printemps rajeunit la forêt et ressuscite le lilas qui pousse sous ma fenêtre. Qui met dans la gorge du merle, et dans mon âme aussi, une telle ivresse de louange.

*

Ne plus être pour, ne plus être quelqu’un, ou quelque chose. Renoncer aux attributs.

Être…

Anne le Maître dans Sagesse de l’herbe – Quatre leçons reçues des chemins

Une pièce musicale de Harmonium Symphonique – Vert

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