Les enseignements du Vesak

Traditionnellement, dans les pays où le bouddhisme possède une influence marquante, la pleine lune de mai (vesaakha) commémore le triple événement de la naissance, de l’Éveil et de la mort (le parinibbaana) du Bouddha. Nous entrerons à ce Vesak dans l’an 2545, les années bouddhiques étant décomptées à partir de la mort du Bouddha.

 

À cette occasion les fidèles bouddhistes se rassemblent dans les temples et se remémorent leur engagement à suivre le chemin du Bouddha vers l’Éveil. C’est un jour pendant lequel chacun est invité à faire des efforts tout particuliers en termes de méditation et de réflexion, à observer les préceptes plus strictement et à développer le don.

 

Le repas des moines est organisé par les communautés laïques, ils reçoivent également des objets nécessaire à leur vie quotidienne On offre de la nourriture aux visiteurs, de la littérature bouddhique est distribuée. Beaucoup d’asiatiques y voient, de façon plus prosaïque, une opportunité de développer des “mérites”.

 

La journée commence le plus souvent par une circumambulation du temple (dans le sens solaire), chaque fidèle tenant dans les mains une bougie, de l’encens et un bouton de lotus, symbolisant respectivement la lumière de la sagesse dispersant l’ignorance, les actions positives et la potentialité d’Éveil.

 

Les fidèles se rassemblent ensuite dans le temple où les moines sont en train de psalmodier des Textes du Canon Paali (le plus souvent des “parittaa”) et, largement aspergés d’eau lustrale par un moine, reçoivent ainsi des “bénédictions”. Ceux qui sont plus dédiés à la pratique (les disciples laïcs, upaasaka et upaasikaa) sont habillés en blanc et c’est une occasion pour eux de renouveler leur engagement dans la Voie en récitant les Refuges et les Préceptes en présence de la communauté monastique (soit les cinq Préceptes de la discipline ordinaire, soit les huit Préceptes réservés à une discipline plus poussée en cette journée spéciale).

 

Généralement un moine donne un sermon, utilisant un thème de base, accessible à tous, la nécessité d’une conduite correcte par exemple, ou les avantages spirituels et matériels du don. Certains fidèles peuvent demeurer dans le temple pour méditer.

 

La fête se poursuit ensuite pendant toute la journée de manière beaucoup plus informelle. On mange beaucoup ; la sonorisation, poussée au maximum diffuse de la musique populaire, des marchands et des artisans proposent leurs produits. Il ne faut pas oublier qu’en Asie le monastère joue également le rôle de foyer social pour le village, de lieu où l’on rencontre ses amis, ses parents, et où l’on fait la fête…

  

En Occident les groupes et associations bouddhiques ne manquent jamais de célébrer le Vesak, hautement significatif pour tous les pratiquants. Bien que nous soyons séparés, pour la plupart d’entre nous, des aspects spirituels et festifs liés à cet événement, nous pouvons néanmoins utiliser vesaakha puujaa (la cérémonie de la pleine lune de mai) comme support de réflexion et de contemplation.

 

Deux enseignements fondamentaux nous sont offerts par le Vesak. Le premier est la foi (saddhaa) en la réalité de l’Éveil et la possibilité d’y parvenir par nos propres efforts, comme le Bouddha l’a lui-même accompli.

 

La naissance du Bouddha nous rappelle que nous vivons à une époque où son message de libération est encore connu et que naître en tant qu’être humain est une opportunité précieuse à exploiter pour étudier et pratiquer.

 

L’Éveil du Bouddha reflète la réalité de la délivrance et nos propres potentialités de développer les qualités et les vertus les plus hautes.

 

Sa mort, tout en montrant le caractère totalement humain du Bouddha et l’inéluctabilité de la décrépitude et de la disparition, exemplifie des traits essentiels de son Enseignement : son intemporalité et son impersonnalité. Tout comme les trois Refuges, ces trois événements ne sont pas en fait des concepts extérieurs à nous-mêmes mais des réalités intérieures à développer et à incarner.

 

Le second enseignement est l’importance de l’harmonie de la Sangha, représentée par les moines, les nonnes, les anagaarika et les laïcs.

 

L’harmonie de la Sangha, l’assemblée de ceux qui pratiquent ensemble dans la même direction, a toujours été louée par le Bouddha. Il en a fait une des conditions fondamentales de la survie de son Enseignement. Les conventions moine/laïc semblent établir une hiérarchie mais cette hiérarchie, pouvant être cultivée négativement par des moines avides d’autorité ou subie par des laïcs naïfs, n’est que la traduction d’une perception exacerbée de l’ego qui pense constamment en termes de “moi” et “les autres”, de “supérieur”, “inférieur” ou “égal”. Nous sommes en fait, moines ou laïcs, tous des kalyaa.namitta, des compagnons sur la Voie, dont la pratique et les rôles sont complémentaires, des disciples du Bouddha dont l’esprit est orienté vers le “Bien et le Beau”. Le Vesak doit donc être une opportunité toute spéciale pour se retrouver et partager.