Une ville aux mouvements humains

Des hommes pareils

En revenant à ma ville natale, après quelques années, je me suis senti comme un étranger, un apatride. À mes yeux elle était belle différemment. Pourtant c’était la même ville, les mêmes noms de rues, les mêmes arbres, les mêmes bâtiments et maisons. Bien sûr, des commerces avaient fermé et d’autres étaient apparus, mais je ne me retrouvais pas vraiment. Je me suis promené dans les rues, je reconnaissais peu de visages. Lors d’un échange avec un piéton, il m’a expliqué que mon sentiment est normal, car la ville avait changé!

Mais quelque chose en moi me faisait sentir qu’une ville ne change pas, elle évolue, elle est habitée, c’est différent comme perspective.

Ce sont les gens qui lui donnent une âme, une vie. Des familles s’installent dans un quartier. Ils cohabitent et vivent ensemble, crée un espace de vie, et une génération d’adultes et d’enfants occupent le territoire. Puis après parfois 20 ans, le visage de la ville évolue. Des enfants sont partis, parfois pour étudier ailleurs, pour travailler, pour voyager autour du monde, pour se marier. Des adultes ont déménagé dans des habitations plus petites en fonction de leurs nouvelles réalités, certains sont décédés, ou ils ont refait leurs vies ailleurs. Et, au fil du temps, les familles s’étalent différemment dans la ville et l’âme du quartier prend une autre saveur. Des nouveaux arrivants, de nouveaux commerces, de nouveaux endroits fétiches reconfigurent le quartier.

Une ville ne change pas, elle évolue aux mouvements des humains.

Une belle ville se reconnaît avant tout par la richesse de ses humains, puis par la suite par leurs créations architecturales et autres, et non l’inverse.

Croire que nous pouvons développer une ville sans commencer à investir dans le potentiel humain n’a pas de sens.

Après tout, chaque lieu d’une ville sera visité, vécu ou habité par un ou des humains qui en ont fait le choix.

En l’an 2000, en revenant à ma ville natale, après un exode de 17 ans, je me suis senti comme un étranger, un apatride. Et tout doucement, j’y ai retrouvé ma nouvelle place.

Une chanson Né quelque part interprété par Tryo