La vérité toute nue

 

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En des temps fort anciens, la Vérité habitait au fond d’un puits, quelque part dans le désert. C’était la Vérité-toute-nue qui vivait là depuis des millénaires, et seuls quelques sages, ou prétendus tels, allaient parfois la contempler.

Or un jour, la Vérité-toute-nue décida, on ne sait trop pourquoi, de sortir du puits où elle vivait et de parcourir les villes et les villages des hommes.

Elle sortit comme elle était, c’était la Vérité-toute-nue !

Mais lorsqu’elle traversait les rues et les ruelles des villages des hommes, ceux-ci se détournaient d’elle par honte et par crainte. Ils n’osaient pas la regarder dans les yeux et ils ne supportaient pas de la voir ainsi nue…

Et elle, la Vérité-toute-nue, était très triste et malheureuse de se sentir ainsi rejetée, telle une pestiférée avec sa clochette. Et elle repartait sur les chemins, toujours plus triste et plus malheureuse…

Or, un jour où elle était encore plus triste qu’à l’accoutumé, elle fit la rencontre du Conte, dans ses beaux habits de fête, des habits chatoyants, multicolores et joyeux.

– Ah ! Bonjour Vérité-toute-nue, lui dit le Conte qui n’avait pas peur de la regarder dans les yeux. Mais pourquoi as-tu l’air si triste et si malheureuse ?

– C’est, lui dit la Vérité-toute-nue, que lorsque je traverse les rues et les ruelles des villages des hommes, ceux-ci se détournent de moi comme si j’étais vieille et laide !

– Mais tu le sais mieux que personne, Vérité-toute-nue ! Tu n’es ni vieille, ni laide ! Ce n’est pas cela ! Ils ne supportent pas tout simplement de te voir nue. Tiens, choisis parmi mes plus beaux habits, et tu verras…

C’est depuis ce temps là que la Vérité emprunte les plus beaux habits du Conte. Et les hommes lui font ainsi un meilleur accueil…[1]

Contemplez, vivez la Nue Déité !

[1] – D’après un conte traditionnel indien rapporté par Lobsang Rampa.

Une chanson de Paul Piché interprétée par Fred Pellerin -Moi j’raconte des histoires