L’intuition de l’instant

ImAGE sablier

Il faut la mémoire de beaucoup d’instants pour faire un souvenir complet.

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C’est parce que nous nous unifions autour de notre nom et de notre dignité – cette noblesse du pauvre – que nous pouvons transporter sur l’avenir l’unité d’une âme. La copie que nous refaisons sans cesse doit d’ailleurs s’améliorer, ou bien le modèle inutile se ternit et l’âme, qui n’est qu’une persistance esthétique, se dissout.

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Si notre cœur était assez large pour aimer la vie dans son détail, nous verrions que tous les instants sont à la fois des donateurs et des spoliateurs et qu’une nouveauté jeune ou tragique, toujours soudaine, ne cesse d’illustrer la discontinuité essentielle du temps.

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Ce qui coordonne le monde ce ne sont pas les forces du passé, c’est l’harmonie tout en tension que le monde va réaliser.

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L’introduction d’éléments légèrement nouveaux dans notre manière d’agir nous est avantageuse : le nouveau se fond alors avec l’ancien et cela nous aide à supporter la monotonie de notre action. Mais si l’élément nouveau nous est trop étranger, la fusion de l’ancien avec le nouveau ne se fait pas, car la Nature semble avoir en égale horreur toute déviation trop grande de notre pratique ordinaire et l’absence de toute déviation.

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Le temps ne dure qu’en inventant.

Gaston Bachelard dans L’intuition de l’instant

Une pièce musicale Musique sans parole au piano – Un matin