Le Loup des steppes

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Si la majorité a raison, si cette musique dans les cafés, ces divertissements de masse, ces êtres américanisés aux désirs tellement vite assouvis représentent le bien, alors, je suis dans l’erreur, je suis fou, je suis vraiment un loup des steppes, comme je me suis souvent surnommé moi-même ; un animal égaré dans un monde qui lui est étranger et incompréhensible.

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L’être humain ne dispose pas d’une grande capacité de penser ; même le plus intellectuel et le plus cultivé des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.

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Plus réfléchi que le reste des hommes, il avait, en touchant aux choses de l’esprit, cette souveraineté presque glacée de ceux qui n’ont plus besoin que des faits, qui ont pensé, qui savent ; seuls, peuvent se montrer ainsi les vrais intellectuels qui ont chassé toute espèce d’ambition, qui n’ont jamais envie de briller, qui ne songent même pas à persuader, à avoir raison, à avoir le dernier mot.

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Il ne pouvait rien arriver de mal à un être capable de profiter pleinement de l’instant, vivant ainsi dans le présent et sachant apprécier avec une tendre attention chaque petite fleur rencontrée en chemin, la valeur éphémère de chaque moment.

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L’homme puissant périt par la puissance ; le cupide, par l’argent ; l’humble, par la servitude ; le jouisseur, par la volupté. Le Loup des steppes, lui, périt par l’indépendance.

Hermann Hesse dans Le loup des steppes

Une pièce musicale de Steppenwolf – Born To Be Wild

Les paroles en français https://www.lacoccinelle.net/244277.html