7 points

Pour ceux qui connaissent peu ou ne connaissent pas la parole de Swamiji, il me semble nécessaire de nommer les sept points qui sont utilisés par lui dans un sens particulier ; cela permet de se faire une idée de la manière de s’approcher concrètement de la promesse de ce bonheur sans fin, dont il est question dans la citation qui ouvre ce livre.

Notre ressenti est divisé en émotions et sentiments, notre activité cérébrale est divisée entre l’intellect et les pensées.

Les désirs, auxquels se ramènent tous les autres, sont : le désir de faire, le désir de recevoir, le désir de donner.

L’émotion, dont la nature est une certaine agitation, se multiplie par le refus de ce qui est. Elle commence souvent par le refus de soi-même tel que l’on est, avec ses qualités, ses difficultés et ses désirs. Contrairement aux apparences, derrière toute émotion se cache une pensée souvent inconsciente. Les émotions sont des guides vers la perfection, simplement parce que toute difficulté est une occasion d’apprendre et de comprendre.

Le sentiment, dont la nature est le calme, ne peut exister qu’en liaison avec un intellect fin et pointu, capable de percevoir le changement et d’accepter la réalité comme elle est. Un effort est nécessaire pour voir ce qui est sans le déformer. Par exemple, la bienveillance est un sentiment qui vient à la fois du désir de donner et d’un travail de réflexion sur le droit de chacun d’être comme il est, là où il est, dans la vie qui est la sienne.

Les pensées nous traversent sans arrêt. Elles nous emmènent ailleurs et autre part, dans un monde que nous construisons chaque jour. Chacun a le sien, différent de celui du voisin, avec ses choix, ses valeurs et ses rêves.

L’intellect sert à trier le flux ininterrompu de pensées, grâce à sa faculté de voir à travers les apparences, d’établir un contact direct avec la réalité. C’est en essayant de satisfaire ses désirs qu’on peut faire la différence entre les apparences et le réel pour arriver sur un terrain solide, où tout ce qui arrive est le bienvenu.

Le désir de faire. Perdu dans le vaste monde qui nous entoure, nous voulons faire pour affirmer notre existence. Chaque jour, en fonction ce que nous interprétons comme des réussites et des échecs, nous passons de l’excitation joyeuse du « j’ai gagné, j’ai réussi » au découragement du « j’ai perdu, j’ai raté ».

Le désir de recevoir. Recevoir dépend de la capacité de prendre, qui ne va pas de soi, d’autant que les autres ne peuvent pas forcément nous offrir ce qui nous plaît, ou ce dont nous avons besoin. Chaque jour, nous pouvons faire le décompte de nos satisfactions et de nos frustrations. Pour recevoir, nous sommes amenés à donner à notre tour.

Le désir de donner. Donner est le plus grand privilège de l’homme. Souvent, on donne ce qu’on aimerait recevoir. Mais l’autre est différent. Encore une occasion d’apprendre et d’agrandir notre périmètre de compétences.

Pour modifier ou réagir efficacement à un événement, il faut d’abord l’accepter dans tous ses détails. Chaque jour, nous avons l’occasion de réfléchir à ce qui nous arrive, aux réactions des uns et des autres. Nous pouvons démêler, dans notre ressenti, ce qui relève de l’émotion et ce qui relève du sentiment, et inventer de nouvelles manières de procéder.

C’est l’acceptation de ce qui est, un Oui dans lequel il n’y a pas de Non, qui permet de supprimer les difficultés, de s’approcher d’une vie heureuse, de laisser la joie envahir le cœur, une joie qui naturellement se partage, qui est étrangère à celle du triomphe personnel.

Pour Swami Prajnanpad, spiritualité et autonomie ne font qu’un : il s’agit de trouver dans sa vie sa propre liberté d’être ! Colette Roumanoff (1941) a rencontré le philosophe indien Swami Prajnanpad à l’âge de 26 ans. Ses paroles l’ont accompagnée, jour après jour, dans un dialogue ininterrompu qui lui a permis de régler les graves problèmes qu’elle avait avec sa mère depuis l’enfance, de calmer ses angoisses, d’élever ses enfants et enfin, bien plus tard, d’affronter et d’accompagner l’Alzheimer de son mari Daniel jusqu’au bout.

Colette Roumanoff dans L’impermanence heureuse – Comment j’ai transformé ma vie avec la philosophie de Prajnanpad

Une pièce musicale de Félix Godefroid: Etude de concert – Serafina Jaffé