La Grande Harmonie

Les simples pouvoirs de la Grande Harmonie. Elle ne demande qu’à se déverser sur le monde, à couler par nos canaux et par nos corps, elle demande seulement qu’on lui ouvre le passage. Et si, une seconde, dans notre petit agglomérat de chair, nous nous laissons envahir par cette légèreté-là, cette aise divine, ce sourire solaire, tout fond, les obstacles se dissolvent, les maladies s’évanouissent, les circonstances s’arrangent comme par miracle, l’obscurité s’illumine, le mur s’abat – comme s’ils n’avaient jamais été. Et encore une fois, ce n’est même pas un miracle: c’est le rétablissement du simple. C’est la remise en place du réel. C’est ce point d’harmonie ici qui contacte l’Harmonie partout et, spontanément, automatiquement, immédiatement, amène (ou ramène) l’harmonie là, dans ce geste, cette circonstance, cette parole, cette conjonction des choses – et tout est une merveille de conjonction parce que tout coule selon la Loi. Les murs n’ont jamais été, les obstacles n’ont jamais été, le mal, les souffrances, la mort n’ont jamais été, mais nous avons eu ce regard de mal, ce regard de souffrance et ce regard de mort, et ce regard d’elfe emmuré – le monde est comme nous le voyons, le monde est comme nous le voulons, un autre Regard nous habite et tout peut être transfiguré. «Mes enfants, disait Celle qui continue l’œuvre de Sri Aurobindo, vous vous trouvez tous dans une mer de vibrations formidable, et vous ne vous en apercevez même pas! Parce que vous n’êtes pas réceptifs. Il y a en vous une telle résistance que si quelque chose arrive à pénétrer, les trois quarts de ce qui entre, sont rejetés violemment au-dehors, parce qu’on ne peut pas le contenir … Simplement, prenez la conscience des Forces, comme la force d’amour ou la force de compréhension ou la force de création (pour tout, c’est la même chose: la force de protection, la force de croissance, la puissance de progrès, pour tout), prenez la Conscience, simplement, cette Conscience qui couvre tout, qui pénètre tout, qui est partout, qui est en tout, elle est presque sentie comme une violence qui veut s’imposer à l’être, qui ne peut pas! … Alors que si l’on était ouvert et que, simplement, on respirait – c’est tout, on ne fait que cela –, on respirerait la Conscience, la Lumière, la Compréhension, la Force, l’Amour et tout le reste32.» Tout est là sous nos yeux, la totale merveille du monde, attendant seulement notre consentement, notre regard de foi en la beauté, foi en la liberté, foi en la suprême possibilité qui frappe à nos portes, frappe à nos murs d’intelligence et de souffrance et de petitesse.

Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.

Satprem dans La Genèse du Surhomme

Une pièce musicale de Yamandu Costa | LA GRACIOSA | Festival de Choro de Paris 2024