Le pressentiment du réel

Le pressentiment du réel est une brillante danse, quelque chose comme un écho de lumière qui se donne à goûter, à entendre, qui se sécrète presque involontairement.

Dans l’univers, tout semble avoir été envisagé pour un bal éternel, une perspective sacrale d’où vivants et défunts se racontent des accomplissements et le mystère des choses mille fois millénaires.

Nous sommes immergés dans des trompe-l’œil, le monde terrestre est signé par l’injustice, la violence, l’orgueil.

Nous sommes des constructeurs d’absurdités, des bâtisseurs d’imaginaires, de fictions et de fables auxquelles nous croyons dur comme fer.

Parfois, au sein même de l’absurde : une page blanche, puis une grâce, un espoir, une obscure clarté, un sursaut de l’enfance perdue.

Et, ce qu’il y a de plus aérien et pétillant en soi n’essuie aucun reproche.

En dehors de la chair et de ses convoitises, il y a ceux qui ont pris conscience du miracle d’avoir une part du ciel en eux, ils sont ceux qui, aux cimes des montagnes de l’esprit, continuent à vivre à contre-courant, à jouer tels des gamins qui portent en eux tant de rires.

Ils s’amusent à reconquérir un rayon de soleil en eux-mêmes, ils jouent à se leurrer.

*

À la croisée des peuples, percevoir notre errance pourrait ressembler à un phare d’une beauté de premier matin du monde.

L’au-delà nous adresse d’infimes messages.

Ce qui est erroné engendre de la peine et tend à suspendre toute spontanéité.

La matière reste habitée par une force inégalée qui n’est qu’équilibre, justice, beauté et compassion.

Les arbres en bourgeons n’attendent pas notre bon vouloir, d’ici s’entend un chant puissant menant la polka des fleurs et des feuilles et, au bord de l’extrême, un soupir hanté par l’inaccompli crée un échange surabondant entre un filet de vie chargé d’un pollen propice aux renaissances.

Le sacre du printemps et ses orgies colorées et odorantes deviennent plus que troublants.

Romancière, poète. Le parcours littéraire de l’auteur est centré sur la paix entre les peuples, la libre-pensée, la connaissance et l’éthique de soi. Elle pose un regard neuf sur la spiritualité et place la dimension intérieure propre à chaque être au cœur de son œuvre.

Sophia Sherine Hutt dans Et un pur esprit passa

Une pièce musicale de Kitaro – Koi