Aimer d’amitié

L’amitié est un merveilleux outil de connaissance.

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Permettre l’amitié, c’est renoncer à son pouvoir, oublier sa peur, c’est reconnaître et aimer l’égalité de l’autre.

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La Grèce ancienne distinguait quatre degrés d’aimer : porneia, eros, philia, agapê, soit la sexualité basse et vulgaire, le désir amoureux, l’amitié, enfin l’amour pur et universel. Ainsi, l’amitié est ce qui s’approche le plus de l’amour véritable qui est don total, patience, non-jugement. Philia n’est pas la servante d’agapê, elle en serait plutôt l’ambassadrice. Philia joue aussi le rôle d’éducatrice d’eros, lui enseignant ce qu’il ne voit pas encore, l’élevant au-dessus du désir égoïste, de la soif de sensualité, du goût de la fusion et de l’appropriation.

L’amitié est l’annonciation de l’Amour. Et il y a plus loin d’eros à philia que de philia à agapê.

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Pour Aristote, Cicéron, Montaigne, l’amitié s’inscrit dans la sphère de la morale au lieu de se ranger, à côté d’autres émotions et sentiments, dans le domaine de la psychologie. Ceci peut nous éclairer : l’amitié n’est pas une des passions de l’âme, mais une élévation et une ascèse de l’âme, une conduite à tenir, un chemin de perfection. Dès lors comment comparer ce qui nous rend aveugle ou esclave (l’instinct, la passion amoureuse et les autres passions comme l’ambition, l’avarice…) avec ce qui nous rend plus lucide, plus serein, bref, meilleur ?

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Aimer quelqu’un, ce n’est pas capter tous ses sentiments, toutes ses attentions et dévotions ; c’est aimer en lui ses capacités d’amour et d’ouverture.

Jacqueline Kelen dans Aimer d’amitié, Comment l’amitié enseigne à aimer

Une pièce musicale de Enya – Flora’s Secret

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/257019.html