Je ne parle pas de sexe

Montagnes humaines

Je trouve fascinant que malgré le fait que nous vivions à une époque où nous avons accès à tellement d’opportunités de développement de notre savoir (par exemple, des livres portant la mémoire des anciens, l’information numérisée et accessible sur internet, les séminaires, colloques et autres activités du genre entre humains), et que malgré cela, nous perdons quand même nos repères. Nous devons reconnaître que nous vivons dans une époque ou le savoir est accessible par différents modes et pourtant nous reproduisons l’inutile.

Si je parle de sexe, on va dire que j’aborde enfin un sujet intéressant ou encore que je suis devenu populiste et en manque de… par contre, si je parle de se mettre réellement à nu, juste d’être et partager, alors là les biens pensants vont penser à une lubie, mais, pas plus. Donc, je ne parlerais pas de sexe.

Pourquoi en parler d’ailleurs puisque beaucoup d’auteurs dénoncent nos rapports humains altérés par le sexe. En plus, nous en avons fait une technique de plaisir, en solitaire ou en duo, voir en groupe, avec cette touche propre à notre siècle d’asepsie envers les risques d’une communion affective.

Et nous mesurons notre dérive, par exemple nous avons déterminé qu’en France, la moyenne pour la durée d’un coït atteint presque une dizaine de minutes. Au Québec, c’est nettement mieux, on atteint onze minutes. Et qui gagne quoi?

Certaines personnes préfèrent fuir cette vision hystérique collective portée par la promotion d’une vision mécanique du sexe et par la mode permettant une certaine représentation figée des corps.

Certains se tournent vers des sentiers moins connus pour découvrir, par exemple, les raffinements de la pensée orientale qui ouvrent des perspectives différentes prônant un rituel de partage permettant plutôt un voyage sensuel et l’épanouissement spirituel.

Ces sentiers ne sont pas nouveaux, déjà depuis la nuit des temps, notamment le tantrisme, le zen, le taoïsme, différentes forme de yoga et certaines pratiques chamaniques proposent une approche de la sexualité qui s’inscrit dans une quête du bonheur et de la santé. Jamais on ne l’associe à la mécanique de la performance, de la culpabilité ou du péché. On évoque plutôt une activité de deux êtres qui se développent autrement, comme par une mise à nu dépassant les corps. Les énergies Yin et Yan sont mises au service d’une communion et d’un cheminement au lieu d’une simple pulsion orgasmique.

Sur un point, je rejoins les censeurs qui refusent de parler de sexe. Je ne veux pas en parler.

Mais…. je suis d’accord aussi pour dire que toute sexualité basée uniquement sur la jouissance au terme prescrit et à la fréquence déterminée est peine perdue. C’est comme si on voulait communiquer avec quelqu’un sans utiliser d’adjectif, d’intention et imposer un seul message. Que le plaisir de s’entendre parler. Donc, voilà pourquoi je ne parle pas de sexe.

Heureusement, tout n’est pas noir, au contraire, car de vagues humanistes, qui parlent peu, démontrent qu’il existe des êtres qui dansent lentement dans le temple de leur relation avec sensualité afin de susciter l’énergie de l’amour et un réel partage.

Mais, encore là, je ne parle vraiment pas de sexe.

Une chanson de Mara Tremblay – Tout nue avec toi

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