La crise de l’éducation, Thomas De Koninck

Vision

Apprendre à éprouver l’extraordinaire beauté de la vie de l’esprit et la délectation correspondante, en mathématiques ou en poésie, par exemple, est un fruit naturel de l’éducation dont on n’a nul droit de priver ceux qui les attendent, parfois à leur insu. Donner un sens étroitement utilitaire au droit universel à la culture est non seulement une contradiction dans les termes, mais une insulte à l’humain, à la liberté.

Chaque cours doit être une découverte faite en commun, où l’on retrouve sous une forme neuve les connaissances.

Plutarque faisait observer qu’une majorité de gens croient qu’il importe d’abord d’apprendre à parler alors qu’on doit apprendre à écouter pour commencer, et à écouter de manière attentive, active. Une participation active de l’étudiant à l’enseignement est en ce sens indispensable à tout apprentissage ; savoir bien interroger, après avoir écouté, est un art essentiel, qu’on doit apprendre également. L’esprit humain n’est pas comparable à un vase qu’on remplit, mais bien plutôt à une matière combustible qu’une étincelle peut enflammer. Se contenter d’admirer passivement une raison à l’oeuvre est comme aller chez le voisin pour lui emprunter de quoi allumer un feu chez soi, puis préférer ensuite se réchauffer longuement devant son feu à lui. C’est au contraire sa propre originalité ainsi que son propre désir de penser et de découvrir le vrai qu’il importe d’éveiller.

Une chanson d’Alanis Morissette You learn