Âme brisée

Puis on a vu des violons à Crémone et ici à Mirecourt ! C’est merveilleux, ces gens qui font des violons et des archets… Pour que la musique parvienne jusqu’à nous, il faut des compositeurs qui créent la musique. Il faut des interprètes, des instrumentistes, par exemple des violonistes qui la réalisent, mais il faut aussi des gens qui fabriquent leurs instruments, leurs violons et leurs archets. Il faut le concours de ces trois catégories… euh… trois groupes de personnes… Sinon, pas de musique, tu vois. N’est-ce pas merveilleux ? N’oublie pas ça, Midori chan… Moi, je me souviendrai longtemps de Mirecourt.

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Je considère que la musique, même si elle est issue d’une autre civilisation, d’un pays avec lequel on est en guerre, fait partie du patrimoine de l’humanité.

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Chacun devrait pourtant se définir d’abord et avant tout comme un individu au-dessus de toute appartenance. Je suis certes chinoise, je parle chinois, mais je ne voudrais pas qu’on me réduise à cela… Mon individualité est tout de même autre chose que ce qui est défini par le hasard de ma naissance.

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La musique glissait tout doucement sur le terrain de l’apaisement pour aboutir à une fin sereine où le violon ne cessait de monter de note en note vers l’infini disparaissant dans le silence…

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La musique est tellement incarnée qu’elle possède la puissance de rappeler les âmes du royaume des morts.

Dans ce roman au charme délicat, Akira Mizubayashi explore la question du souvenir, du déracinement et du deuil impossible. On y retrouve les thèmes chers à l’auteur d’une langue venue d’ailleurs : la littérature et la musique, deux formes de l’art qui, s’approfondissant au fil du temps jusqu’à devenir la matière même de la vie, défient la mort.

Akira Mizubayashi dans Âme brisée

Une pièce musicale de Vivaldi Concerto for 4 violins in B minor, RV 580 Il Giardino Armonico