Les funérailles tibétaines

 

 Les funérailles sont le dernier processus obligatoire de la vie et le dernier hommage que rendent les gens à la personne décédée. Les coutumes funéraires font partie intégrante de la culture d’un peuple et reflètent la politique, la religion, l’économie et la culture d’une société.

 

Sur le plateau Qinghai-Tibet, l’environnement naturel et humain sans parallèle de cette région a engendré des coutumes funéraires tout aussi particulières. Les funérailles tibétaines ont été profondément influencées par le bouddhisme tibétain et la religion bon.

 

On y trouve aussi la plupart des coutumes funéraires qui existent dans le monde ― inhumation, crémation, mise en stûpa, sépulture céleste, immersion dans l’eau, sépulture dans la falaise, enterrement à l’arbre, mise en sarcophage et enterrement collectif, etc. Chacune de ces coutumes est déterminée par le temps, sa portée et sa signification.

 

L’inhumation est la pratique la plus ancienne. L’inhumation est une vieille coutume funéraire du Tibet. Les fouilles archéologiques des tombeaux de l’époque néolithique sur le plateau Qinghai-Tibet ont prouvé que l’inhumation était répandue chez les Tibétains durant la lointaine antiquité. À l’époque des Tubo, elle occupait une position dominante et, à son apogée, elle a même été la pratique funéraire la plus noble. Les tombeaux majestueux du royaume des Tubo se dressent encore à Qonggyai, préfecture de Shannan. Les multiples rites et objets funéraires enterrés avec les morts montrent la prospérité des Tubo. Mais, après la rébellion de 877, qui engendra la chute de la dynastie des Tubo, les gens du peuple et les esclaves ont détruit les tombeaux de la cour loyale des Tubo. En outre, au fur et à mesure de la propagation du bouddhisme, la pratique de l’inhumation a été remplacée par la sépulture céleste.

 

Dès lors, l’inhumation s’est transformée en des funérailles humbles pour les gens décédés des suites de maladies contagieuses, d’accident et ceux venus d’une autre région. Un grand nombre de Tibétains les considèrent comme « impurs ». La dépouille de ces gens ne doit donc pas être offerte à la divinité volante (le vautour) ou à la divinité de l’eau (le poisson), et elle ne se qualifie par pour une sépulture céleste ou l’immersion dans l’eau. Elle mérite d’être enterrée.

 

La mise en stûpa et la crémation étaient souvent considérées comme des funérailles réservées aux nobles. Notamment, la mise en stûpa était réservée aux dalaï-lama et panchen-lamas, ainsi qu’aux trulkou (bouddhas vivants). Les moines et nobles ordinaires choisissaient la crémation.

 

Cependant, dans les régions forestières, comme la préfecture de Nyingchi, on pratique aussi l’incinération.

 

L’immersion dans l’eau est souvent pour les pauvres, les personnes décédées des suites d’une maladie, les enfants, etc. Au Tibet, l’immersion dans l’eau fait partie des mœurs complémentaires à la sépulture céleste. Premièrement, dans la région au cœur de la culture tibétaine où prévaut la sépulture céleste, l’immersion dans l’eau n’est utilisée que pour les veufs ou veuves sans enfants, ainsi que pour les mendiants, c’est-à-dire ceux qui sont dans une situation économique difficile. Pour ceux, les rites funèbres sont simples. Le corps est démembré au bord d’un fleuve et jeté dans l’eau ; parfois, le cadavre est simplement déposé dans l’eau comme un paquet, pour qu’il reste complet. Dans ce cas, l’immersion est considérée comme un rite funèbre de classe inférieure.

 

Deuxièmement, dans les régions en marge de la culture tibétaine, en particulier dans les vallées du Tibet du Sud, où il y a peu de vautours, l’immersion dans l’eau est le rite funéraire principal des gens de l’endroit. Ceux-ci estiment que l’immersion dans l’eau équivaut à la sépulture céleste, car, dans le premier cas, le corps est dévoré par les poissons et dans le deuxième cas, par les vautours, deux créatures divines. C’est pourquoi les habitants locaux gardent encore leur habitude de ne pas manger de poisson. Évidemment, les rites de l’immersion dans l’eau sont compliqués dans ces endroits. Il y a des maîtres des rites funéraires de l’eau, de même que des endroits prescrits pour l’immersion. Les procédures et les rites sont semblables à ceux de la sépulture céleste. Par exemple, on invite des moines à psalmodier les textes bouddhiques afin de purifier l’âme du défunt, alors que le défunt est exposé dans la maison durant trois ou quatre jours de deuil. Pendant ces journées, un sorcier pratique la divination et choisit le jour approprié pour les funérailles.

 

La sépulture céleste est la plus acceptée, le type de funérailles bien généralisé au Tibet. Il s’agit de l’exposition délibérée des corps de défunts à l’air libre, aux charognards et animaux affamés. Cette pratique est attestée au Tibet, parmi les zoroastriens de Perse et dans deux communautés Parsi de l’Inde moderne.

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