Au début, nous voyons le fleuve de nos attentes et son attrait fait en sorte que nous retirons nos vêtements pour nous y baigner. L’eau est belle et bonne, bien que tout nous file entre les doigts, on aime croire que nos mains retiennent l’eau sans résistance. Mais compte tenu du plaisir, nous n’y faisons pas vraiment attention. Puis rassasié, nous sortons et nous remettons nos vêtements pour continuer notre chemin.

Les jours qui suivent, nous repensons à la baignade et nous avons envie d’y retourner. Et dans les faits, nous finissons par y retourner, souvent, puis régulièrement.

Puis un jour, baigner dans ce fleuve d’attentes nous donne le vertige. Il y a toujours quelque chose qui passe près de nous que nous voulons saisir, mais en tentant de le saisir, cela file entre nos doigts. Nous prenons conscience que nous ne faisons que nager alors que nous voulions régner sur l’eau. Nous nageons pour survivre, même si nous nous appuyons sur nos attentes qui fuient entre nos doigts et qui se perdent dans la masse liquide. Notre capacité de sortir de l’eau est amoindrie, car les rives s’éloignent de plus en plus à chaque fois que nous replongeons dans ce fleuve d’attentes.

Puis, un jour, vraiment fatigué, nous cessons simplement de nous débattre pour rester à flot sur nos illusions et nos attentes. Las, sans atteindre une rive, nous touchons le fond, et, du coup, mu par la peur, nous sortons de nos attentes et le ressac de notre conscience nous dépose sur une terre fertile.

Couché sur le dos, riant, en regardant le ciel, nous prenons conscience de l’importance de ne pas laisser nos attentes entraver la fluidité des courants qui nous traversent.

Une chanson de Pierre Lapointe – Nos joies répétitives

Les paroles sur https://laboiteauxparoles.com/titre/69914/pierre-lapointe-nos-joies-repetitives

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