Le bruit du ciel

Comme il est merveilleux de poser des questions ! En vieillissant, on finit par se faire prendre par tout ce qu’on sait, par tout ce qu’on croit savoir et qu’on entend dire. La méditation a beaucoup à voir avec ce retour à l’expérience de ne pas savoir, d’être questionnant et appelé ainsi au renouveau.

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Un koan est parfois donné à un méditant pour l’aider à ne rien saisir, à abandonner le souci de tout contrôler et de tout maîtriser. Pour ouvrir le ciel de son esprit. La seule réponse est celle qui, partant de l’ici le plus concret, donne à entendre de façon immédiate ce qu’est le fait d’être humain. À force de savoir beaucoup de choses, on oublie parfois l’essentiel.

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À présent que j’enseigne la méditation, je constate que, parfois, les gens ont également peur que je sois une sorte de « gourou » et qu’ils me tiennent pour cette raison des propos étranges. C’est absurde et irrationnel, car je suis un homme tout à fait ordinaire, avec ses difficultés, ses angoisses et ses passions. Je tente simplement d’apprendre à y faire face. Je ne prétends ni n’aspire à être un modèle et encore moins à avoir un pouvoir sur les autres.

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Après toutes ces années où, à l’école, j’étais sans cesse confronté au principe selon lequel il est toujours possible de faire mieux et que chaque travail doit être évalué et critiqué, voilà que l’on me proposait une tâche qui ne demandait aucune compétence. Mon sentiment de n’être jamais à la hauteur était comme court-circuité à la racine. Méditer, je le découvrais, consistait simplement à être comme j’étais en y portant attention. Il ne fallait rien chercher à réussir, mais simplement reconnaître ce qui est. C’était un profond soulagement.

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Avec la méditation, il s’agissait que chacun, quel qu’il soit, ait le droit d’être comme il est.

Fabrice Midal dans Frappe le ciel, écoute le bruit

Une pièce musicale de Claude Debussy interprétée par Héloïse de Jenlis – Clair de Lune