Une femme innombrable

Nous aimons si peu, ou si mal, avec une moitié de nous-mêmes et nous aimons chez l’autre quelques morceaux choisis, les plus connus, ceux qui font le moins peur. C’est si rare d’aimer quelqu’un entièrement, ce qui nous plaît et ce qui ne nous plaît pas, c’est si rare d’être aimé entièrement avec nos creux d’ombre, nos torses de lumière.

J’avoue que j’ai vécu, j’avoue que je suis blessée, mais ces blessures sont aussi ma beauté. L’amour, c’est ne plus avoir besoin de se cacher, de dérober à l’autre son plus mauvais profil, pouvoir enfin se montrer nue à quelqu’un qui n’en profitera pas pour affirmer sa puissance.

Être nue dans un regard qui respecte notre force et notre fragilité, tout est si précieux, si éphémère…

Tout ce qu’on fait sans amour est du temps perdu, tout ce qu’on fait avec amour est de l’éternité retrouvée…

*

Il me baisera des baisers de sa bouche

Son étreinte m’entraînera plus haut que le vin.

Tes odeurs, tes huiles, ton Nom

Beautés ruisselantes,

les jeunes filles en frémissent.

Prends-moi, courons !

Le Roi m’entraîne dans ses

appartements, dans sa chambre,

vers les jubilations, la Joie…

Comme il est juste d’aimer,

l’ivresse de l’amour est plus raisonnable,

plus douce que le vin.

*

Elle se trouvait devant l’icône de l’amour le plus incroyable qui ait jamais été et que nul n’a jamais considéré comme possible : l’amour de Myriam de Magdala, celle qu’on a prise par erreur pour une prostituée, et de Yeshoua de Nazareth, reconnu par certains comme le Messie, le Maître.

Deux êtres qu’on n’a jamais considérés simplement comme un homme et une femme..

Jean-Yves Leloup dans Une femme innombrable

Une pièce musicale de Enya- Sancta Maria

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