Il est de ces moments qui, sans s’annoncer, sans qu’ils aient été précédés de conditions particulières, sans que l’on ne sache ni comment ni pourquoi, nous apportent la grâce de la perfection.

Soudain tout est bien.

Non pas que nos plans se déroulent exactement comme nous l’avions souhaité. Simplement, nous ne nous en préoccupons plus, nous sommes dans un accueil total de l’instant.

Absolument détachés de tout ce qui survient.

Tout est parfait.

Nous ne sommes plus dans l’arène. Nous sommes l’arène et tout ce qui s’y passe.

L’acteur, la pièce de théâtre et le théâtre tout entier.

Nous avons rejoint l’observateur en nous. Nous sommes lui, autant que l’observation et l’observé.

Nous regardons et écoutons l’eau de la rivière couler, nous ne nous débattons plus dans ses flots impétueux, nous nous laissons flotter. Nous sommes la rivière.

Tout est bien.

Il n’y a plus rien à défendre, plus rien à comprendre, plus rien à vouloir, à prouver à soi et aux autres.

Juste remercier pour ce moment de pure douceur, de bien être extrême, de grâce infinie.

Nous savons que tout est impermanent.

Nous gouttons avec toute l’attention dont nous sommes capables, toute l’intensité, avec une conscience accrue ce moment extraordinaire qui s’offre à nous.

Ce qui est pris est pris.

Nous l’avons déjà vécu, ou peut-être nous cueille-t-il pour la première fois.

État extatique d’une intimité magnifique.

Nous avons retrouvé notre unicité.

Notre félicité rayonne, notre paix nous précède et enveloppe ceux que nous croisons.

Nous sommes la joie, la paix. Nous sommes l’Amour et à ce moment-là nous le savons.

Nous ne le croyons pas. Nous le savons. Le doute, la question, n’existent pas.

Nous manifestons ce que nous sommes.

Nous sommes au-delà du ressenti, au de-là de toutes pensées ou croyances.

Exceptionnellement, nous faisons l’expérience de notre absolue vérité, et cette expérience restera gravée à jamais.

Elle change définitivement notre vision du monde et de la vie, de nous-même.

Rien n’est différent autour de nous, rien n’a changé dans notre paysage et rien n’est pareil pourtant.

Les événements ne nous sont pas plus ou moins favorables.

Simplement, pendant cette période de grâce, une modification s’est opérée en nous. Nous avons enfin perçu que nous ne sommes pas ceci ou cela, que nous ne sommes pas dans la vie, dans le monde.

Nous sommes la Vie, nous sommes le monde, le Tout.

Nous sommes la Vie, indivisible.

Angélica Mary www.angelica-mary.fr

Une pièce musicale de René Aubry – Salento