L’Esprit du bonsaï

Bonsai

Ainsi l’action qui semble un mal à l’Occidental (non-arboriculteur), telle la coupe d’une branche, qui pourrait être interprétée comme une mutilation, se transforme en bien, c’est-à-dire en épanouissement supérieur de l’individu.

Un beau bonsaï, même extrêmement vieux, jouit d’une santé florissante.

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C’est dans le contexte d’une culture chinoise tournée vers la nature et y prenant ses modèles que s’élabore un art du bonsaï tout d’abord empreint de magie, puis d’une philosophie naturaliste. Au-delà des Himalayas, la sagesse se trouve au contact des montagnes, des cascades et des torrents, dans une compréhension intime de l’immanence du Tao. C’est ce qu’on nomme dans le zen « l’éveil à sa propre nature », c’est-à-dire la bouddhéité.

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Le bonsaï suit la voie négative : moins de branches, moins de racines, moins de dimension, pour une plus grande perfection, pour faire aller l’arbre vers son essentiel, pour concentrer l’expression de sa manifestation d’être au monde, rendre particulièrement manifeste son être au monde spécifique par un style épuré. L’action de l’homme développe les qualités latentes de l’arbre, en enlevant et non en ajoutant.

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L’arbre étant ainsi recréé dans ses lignes de forces manifeste par une esthétique du vide la vacuité dont il est l’émergence mystérieuse. il fait « retour à sa racine », disent les taoïstes : il exprime en son microcosme les principes suprêmes enfin retrouvés.

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Un paysage miniature est un mode de figuration du réel, partant, il est un langage. Un langage où la roche est le signe de la montagne tout en étant la montagne elle-même (la partie vaut le tout), le plateau figurant la terre, et l’arbre miniature, en général, un arbre antique.

Un monde figuré en miniature, étant une représentation, est une œuvre de l’esprit. Plus intelligible que le monde dont il est l’image simplifiée, ce monde fait figure de modèle. Modèle réduit, ce monde est plus vrai que nature. Prenant un caractère d’emblème sacré, d’archétype, il devient l’image mythique des origines, en quelque sorte le garant de l’authenticité du monde réel.

Antoine Marcel dans L’Esprit du bonsaï

Une pièce musicale Arbres bonsais

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