Traité de l’ardeur

Soljenitsyne a connu le Goulag, l’exclusion et la solitude pour avoir clamé son rejet du communisme. Pourtant rien n’a éteint son courage ni ligoté sa voix. Alors il nous interroge : pourquoi sommes-nous devenus si frileux ? Pourquoi avons-nous perdu notre souffle ? Où est passée notre exigence ? Il faut donner le goût du large sans quoi les nations se disloquent.

Relevons-nous, aimons, bâtissons, cherchons le beau, le silence, le mystère, les liens qui comptent, les mots qui grandissent. Rien n’est perdu pour ceux qui ne se résignent pas.

Se résigner, c’est subir son destin, bras ballants. C’est dire : fais-toi une raison, ça ne peut pas être autrement. Tant que la vie est là, tout peut être autrement. Si nous nous résignons, nous nous enlisons. Aucune situation n’est figée, c’est nous qui le sommes si nous baissons les bras, si nous laissons le découragement ronger nos entrailles. Si nous nous habituons à la tristesse.

Nous ne sommes pas obligés de nous endormir dans un désespoir tranquille pour moins souffrir.

Soljenitsyne a raison d’affirmer que le déclin du courage annonce la fin, car si le courage ne porte plus une société, celle-ci s’écroule. C’est donc la fin d’un monde. Il ne s’agit pas de se résigner, mais de se réinventer. Chercher les braises dans les cendres et allumer un autre feu, ailleurs, pour éclairer l’horizon. Nous croyons que c’est notre pouvoir qui nous tient debout ; nous avons tort, c’est notre souffle. Notre aspiration à viser plus haut que soi. Peut-être que cette aspiration est un devoir envers la vie.

Avoir des devoirs. Voilà une phrase totalement démodée. Mais où est ton courage si tu n’as aucun devoir ? Vas-tu ballotter ta vie au gré de tes désirs et de tes états d’âme ou vas-tu viser une dimension plus haute qui t’engage et te responsabilise ? Mon devoir est de nourrir mes enfants, de rendre visite à mes parents, de tendre la main à mon amie que ça me plaise ou non, d’écouter cette voix en moi qui me pousse vers un acte qui me grandit même s’il me dérange. J’ai le devoir de considérer les hommes, quels qu’ils soient. J’ai le devoir d’être la vestale de ma propre vie par gratitude envers elle. Et quoi qu’il arrive, si je n’ai écouté que la voix de mon âme, je suis responsable, j’assume. Même si les conséquences de mes actes me découragent. Toutes les graines ne germent pas.

Blanche de Richemont dans Allez, courage ! – Petit traité de l’ardeur

Comment chaque jour garder courage ?
Pour répondre à cette question, Blanche de Richemont est partie à la rencontre d’une ermite, d’un chirurgien, d’un militaire, de personnalités engagées, d’hommes et de femmes anonymes.
Solitaire, dans une cabane, au cœur de l’hiver, elle a voulu nous raconter l’élan formidable, le souffle puissant de cette quête. Allez courage ! Ce livre, nous dit-elle, n’est pas un appel aux armes mais un appel aux âmes.

Une pièce musicale de Debussy : Les Soirs illuminés par l’ardeur du charbon 

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