Maître isons-nous

Au fil de mes voyages, ma vision du monde change.  J’ai rencontré des penseurs, des maîtres de différentes disciplines, des marcheurs ou routards, des amis et des inconnus. J’ai souvent été fasciné par ces gens qui disaient détenir quelque chose de spéciale, un savoir, une technique, une approche…  J’ai tombé quelque fois dans l’exploration de ces savoirs, de ces mondes, avec je dois l’avouer, une certaine ouverture, dirons nous aujourd’hui une certaine naïveté.  J’ai participé à des rencontres bizarres, des soirées initiatiques qui parfois avaient plus l’allure de rencontres entre individus qui ont marchandés leur détresse pour quelques rituels ou invocations permettant de calmer le doute. 

Aujourd’hui je constate que le doute ne peut se dissoudre derrière les recettes toutes faites, les incantations, les rituels…Bien que ces stratégies fonctionnent souvent dans certains contextes, elles ont tendances à calmer le coeur, apaiser l’esprit au lieu d’avant tout guider sur la voie.

Les gens qui se disent maître, ou qui se disent descendants de ceux-ci, et du fait même revendiquent être le gardien d’un savoir, d’une sagesse, détenteurs des secrets de la vie par leur connaissance d’une technique capable de donner à quiconque une capacité quelconque, aujourd’hui, me font peur.  A les regarder vivre au quotidien, avec un peu de recul, on constate bien que la déconnextion avec la tradition est évidente, leur art de vivre n’est qu’un voile sur leurs travers et leurs doutes quotidiens.

Les personnes qui m’ont le plus touchées sont celles qui ne se définissaient pas comme des maîtres ou héritier d’une tradition, mais ceux dont le regard, les gestes, les paroles ne visaient qu’à faire de nous des maîtres de notre vie, de notre voie.  Leurs contacts sont sans intention.  On ne paie pas pour découvrir leur sagesse, leurs techniques.  Ils sont des guides sur un parcours non prévu.  Leurs techniques visent à enseigner l’art d’être en soi dans le moment, à décoder les signes, et non pas à dépendre du savoir d’un autre.  Ils ne sont pas des êtres qui veulent être reconnus pour leur savoir, ils sont des êtres qui veulent juste donner un coup de main.

Les plus beaux cours viennent quand nous sommes prêt, et non pas quand il faut suivre les pas d’un autre…

Le voyage est un parcours qui nous ouvre à cette capacité à improviser la vie… pour innover une voie.

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