Chansons de noces

 

Dans beaucoup de régions du Tibet, les noces sont accompagnées de chansons. Les chanteurs peuvent provenir de la famille du marié ou de la mariée ou être des invités ; on trouve également des chanteurs professionnels engagés, certains sont même des moines. Quoi qu’il en soit, ils chantent bien. Cependant, comme les chansons font partie de la noce, les chanteurs doivent observer certaines règles. Par exemple, à Rutög, préfecture de Ngari, il existe une « collection des chansons de mariage de Rotög », léguée de génération en génération et basée sur les canons bouddhiques.

 

Certains disent que c’est la princesse Wencheng de la dynastie des Tang qui l’aurait apportée au Tibet, lorsqu’elle est venue épouser Songtsan Gampo, roi des Tubo ; certains autres disent que l’histoire de la collection remonterait à 200 ans tout au plus. Quoi qu’il en soit, cette collection a déterminé une formule à observer lors des noces. Elle contient tellement de thèmes, que très peu de chanteurs peuvent les exécuter tous par cœur ; même les chanteurs professionnels, les porteurs de bonheur comme on dit souvent, doivent apporter la collection avec eux pour la consulter. Elle comprend treize parties touchant divers sujets : flèche colorée, divinité, invités, mont enneigé ; roches, porte, qingke, etc. ; d’autres encore, telles que la présentation de la flèche colorée, l’offrande du hada, les questions-réponses, l’adieu, la prise de chapeau, etc., doivent être exécutés lors de certaines cérémonies. Certaines de ces chansons sont répétées à plusieurs reprises, par exemple, la coiffe, la flèche colorée, l’adieu, etc.

 

Le chant est très important, parce qu’il décidera du moment du début de la cérémonie. En fait, le chanteur représente le financé, et la qualité de son chant est le facteur décisif du moment auquel on ira chercher la fiancée. Le chanteur doit passer trois épreuves : la première, au début du chemin allant de la maison du fiancé à celle de la fiancée, la deuxième à mi-chemin, et la troisième à la porte de la maison de la fiancée. Lorsque les messagers envoyés par la famille de la future mariée rencontrent le chanteur à mi-chemin, ils lui offrent le hada et une coupe d’alcool de qingke. À ce moment, le chanteur doit se mettre à chanter et déployer tous ses talents. S’il ne chante pas bien, il ne passera pas l’épreuve. Parfois, certains chanteurs échouent pendant 10 ou 20 jours, jusqu’à ce que les messagers fassent preuve d’indulgence et lui demandent d’offrir plutôt un hada.

 

La troisième épreuve est la plus difficile à réussir. À son arrivée à la porte de la maison de la fiancée, le chanteur commence à entonner l’ode à la Coiffe, parce qu’à ce moment, on offre une coiffe au moine et une autre à la porte. Après avoir placé la coiffe près de la porte, le chanteur entonne encore des odes à la robe, aux parures, à la flèche, etc. s’il chante bien, il sera applaudi chaleureusement et chantera plusieurs fois. Le lendemain, lorsque la fiancée part vers la famille de son fiancé, le chanteur engagé par la famille de la future mariée chante à son tour. Lorsque la fiancée entre dans la maison du fiancé, au mariage, au banquet et au départ des convives, les deux chanteurs entonneront encore des chansons. Ces chanteurs engagés sont souvent accompagnés d’autres chanteurs, comme l’oncle maternel de la mariée. Lorsque ce dernier amène la fiancée à la maison du fiancé, il doit chanter, sinon il ne pourra même pas descendre de son cheval. Au moment où la mariée propose un toast, tout le monde chante avec elle. Plus un invité chante bien, moins il devra boire. S’il ne veut pas s’enivrer, il doit chanter beaucoup et être habile à répondre aux questions en chantant. Cette scène est une bonne occasion de faire preuve de ses talents. Les chants mêlés de rires se font entendre tout au cours des jours de noces.

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