Etre responsable rend t-il plus conscient ?

 

Mains du monde

 

Nous vivons dans une société ou la notion de responsabilité est très importante. D’ailleurs, on nous reconnaît des droits et des devoirs et nous sommes ainsi liés par une sorte d’encadrement légale qui maintient la cohésion sociale. Prenons en exemple les différentes lois qui viennent préciser l’âge pour voter, pour la responsabilité civile, ou pour être admissible dans les bars.

Cet encadrement dans notre société pour le mieux vivre ensemble entraîne des défis d’interprétation et des tensions entres humains. Par exemple, comment déterminer le degré de responsabilité dans la mesure où l’acte peut avoir été commis sous l’influence de stupéfiants, d’alcool, de la colère, ou encore en raison d’une situation familiale ou de couple difficile ? Ces facteurs renvoient au concept de circonstances atténuantes souvent évoqué.

Ou encore, comment puis-je être responsable de ce qui m’est inconnu, dont je ne suis pas conscient ? Ce que j’ignore m’empêche dans les faits d’être conscient de la réelle portée de certains de mes actes. Par exemple, doit-on rendre responsable les médecins qui ont perdu des patients en raison de leur ignorance de l’existence de nouvelles approches thérapeutiques?

Ces questions soulèvent la question qui nous concerne tous. Car comment pourrions-nous vivre ensemble si notre responsabilité est niée sous le sceau de l’inconscience ou l’ignorance. Il serait encore plus triste de se sentir responsable de ce qui nous dépasse, ou pire, de nous sentir irresponsable de tout.

Si nous excluons le conditionnement idéologique ou religieux qui peut parfois amener des individus à se réfugier derrière une apparente bonne conscience pour justifier des guerres, des massacres ou attentats, ce qui relève en fait de la pathologie, il faut reconnaître que le champ de ce dont je n’ai pas conscience est large, et je ne peux être entièrement responsable de ce que je suis et de tout ce que je fais. C’est ici, dans cet espace d’incertitude que naissent mes erreurs de bonne foi, mes expériences ratées.  Dans cet espace, nous nous sentons responsable mais pas coupable.

L’inconscience ne mène pas directement à l’irresponsabilité. Mais une chose est certaine, une personne qui assume ses responsabilités du mieux qu’elle peut est plus consciente, de soi, des autres, de son environnement, du vivre ensemble. Je parle de responsabilité assumé et non de fonction.

Les personnes responsables sont ouvertes sur le monde extérieur, ils s’en préoccupent. Ils s’engagent dans la vie, posent des questions, manifestent une curiosité, veulent apprendre, comme si elles avaient compris qu’elles étaient les uniques responsables de leur niveau de conscience.

Il est intéressant de constater que ce que nous condamnons chez les personnes qui ont posé un geste répréhensible envers autrui ce n’est pas la responsabilité du geste uniquement, mais aussi et c’est souvent le plus important, cette faculté de prise de conscience de l’impact de ce geste, le remord, le regret ou le pardon manifesté.

La conscience s’alimente donc des responsabilités assumées. Assumer ses responsabilités peut demander plus de temps, par exemple, je pense aux tâches ménagères, aux relations du vivre ensemble, mais tout comme l’entraînement physique, elles apportent un développement de la personne dont le bénéfice dépasse le temps consacré. La conscience se développe par la vie au quotidien, pas dans la fermeture sur soi.  Et mes responsabilités me relient en quelque sorte à toutes les consciences.

Une chanson de Jacques Michel – Amène-toi chez nous

 

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