Le Mesnevi : 150 contes soufis

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Sur une île verdoyante, une vache vivait dans la solitude. Elle y paissait jusqu’à la tombée de la nuit et engraissait ainsi chaque jour. La nuit, ne voyant plus l’herbe, elle s’inquiétait de ce qu’elle allait manger le lendemain et cette inquiétude la rendait aussi maigre qu’une plume. A l’aube, la prairie reverdissait et elle se remettait à paître avec son appétit bovin jusqu’au coucher du soleil. Elle était de nouveau grasse et pleine de force. Mais, la nuit suivante, elle recommençait à se lamenter et à maigrir.

Le temps avait beau s’écouler, jamais il ne lui venait à l’esprit que, la prairie ne diminuant pas, il n’y avait guère lieu de s’inquiéter de la sorte.

Ton ego est cette vache et l’île, c’est l’univers. La crainte du lendemain rend la vache maigre. Ne t’occupe pas du futur. Mieux vaut regarder le présent.

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Si tu coupes un atome, tu y trouveras un soleil, et des planètes qui tournent alentour.

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Un imitateur est comme un sourd. Il vit dans le plaisir et dans la joie sans savoir ce que sont le plaisir et la joie. La lumière du maître se reflète dans son cœur. La joie du disciple dérive de celle du maître. Ceux qui croient que cet état leur est propre sont comme un panier sur l’eau. Quand on le sort de l’eau, il se rend compte que l’eau appartient à la rivière.

Djalâl-od-Dîn Rûmî dans Le Mesnevi : 150 contes soufis

Une pièce musicale de Ali Bolboli – Beyond of 6