Et n’oublie pas d’être heureux

Merci

À la question « Mais vous n’en avez pas assez d’être toujours dans l’ombre de votre mère ? », la fille de Françoise Dolto répondit : « C’est drôle, je me suis toujours vécue comme étant dans sa lumière. » Au lieu de nous sentir parfois écrasés par ce que nous devons aux autres, réjouissons-nous-en. C’est ce qu’on appelle la gratitude.

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On critique souvent la culpabilité judéo-chrétienne. Mais imaginez un monde sans culpabilité ! Un monde où les vacheries faites aux autres seraient absolument indolores, ne seraient suivies d’aucun inconfort, d’aucun regret, d’aucune remise en question. Où on abuserait des faibles sans états d’âme… La culpabilité nous pousse à réfléchir à la souffrance que nous infligeons, volontairement ou non, à autrui.

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Nos ancêtres rendaient grâce bien plus volontiers que nous : pour eux, avoir à manger, vivre en paix, rester en bonne santé ou même tout simplement en vie, tout cela relevait d’une grande chance, ou plutôt de la bienveillance divine… Chez les chrétiens, chaque repas était précédé d’une courte prière nommée Bénédicité : le mot vient du latin benedicite et signifie « bénissez ». Notre vie est moins dure aujourd’hui, mais il est possible tout de même de s’émerveiller de notre chance de vivre et de rendre des grâces laïques : s’arrêter, respirer, prendre conscience, sourire, remercier qui nous voulons pour la chance que nous avons de nous trouver là.

Christophe André dans Et n’oublie pas d’être heureux

Une pièce musicale de Ólafur Arnalds – Epilogue