Un soir en marchant dans la ville, à travers les petites ruelles, j’ai ressenti à travers tout mon être que je suis un passeur sur cette Terre. Ma vie et ma mort ont le même sens, ils sont indissociables en tout temps.

Ce changement de perspective nous sort de soi, nous fait comprendre que nous sommes l’autre de quelqu’un et à la fois le soi de toutes les passantes et les passants que l’on croise. La compassion est plus alors qu’une position d’ouverture, mais elle devient notre propre nature assumée.

Ce changement de perspective nous permet de nous réaliser au milieu de ce qui nous entoure, malgré son caractère éphémère, accordant peu d’intérêt à ce qui est grand ou petit, fort ou faible, nécessaire ou inutile.

Ce changement de perspective fait en sorte que nous regardons les humains comme l’une des variétés dans le monde biologique. On a beau créer arbitrairement des catégories, que l’on s’amusera à nommer avec des noms apparemment crédibles, comme pauvre, riche, ou saint, mais ultimement ce ne sont que les différentes formes de la vie qui, un jour, retourneront à la terre pour poursuivre le cycle.

Tel un rêve qui nous fait concevoir différentes formes et différentes histoires, il n’y a là rien d’autre que nos créations de l’esprit pour diviser ce qui est. Tout rêveur sait qu’au réveil, les rêves ne disparaissent pas, ils s’en retournent au sein de notre monde intérieur.

L’éveil est un état qui permet le détachement. Pour retrouver cet état durant le tumulte du jour, parfois, il nous suffit simplement de nous trouver dans un endroit tranquille pour nous asseoir sans bouger, sans parler, et de se détacher de cette envie de tout catégoriser ce qui est, et de mettre fin à la représentation. Ce n’est pas plus mystérieux que ça.

Une pièce musicale de Richard Séguin – D’air et de songes

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