Guérison sociale

Je sais ces choses toutes simples et que du jour où je suis devenu aveugle, je n’ai jamais été malheureux

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C’est alors qu’un instinct m’a fait changer de direction. Je me suis mis à regarder de plus près. Non pas plus près des choses mais plus près de moi. A regarder de l’intérieur, vers l’intérieur, au lieu de m’obstiner à suivre le mouvement de la vie physique vers le dehors. Cessant de mendier aux passants le soleil, je me retournais d’un coup et je le vis de nouveau : il éclatait là, dans ma tête, dans ma poitrine, paisible, fidèle. Il avait gardé intact sa flamme joyeuse : montant de moi, sa chaleur venait battre contre mon front. Je le reconnus soudain, amusé, je le cherchais au dehors quand il m’attendait chez moi

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Je renaissais à la vie. Puisque ce n’était pas moi qui faisait la lumière, puisqu’elle venait d’ailleurs, elle ne me quitterait plus jamais.

La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu’il arrive. La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous même sans les yeux.

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François m’ayant un jour demandé quel était le défaut que je supportais le moins facilement chez les autres, la réponse avait jailli de moi comme la balle sortie du revolver : la banalité.

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La seule façon d’obtenir une guérison complète de la cécité – j’entends une guérison sociale – est de ne jamais la traiter comme une différence, une cause de séparation, une infirmité, mais de la considérer comme un obstacle passager, une particularité sans doute, amis provisoires et qu’on va résoudre aujourd’hui ou plus tard, demain. La grande cure consiste à plonger à nouveau – et sans tarder – dans la vie réelle, la vie difficile, donc ici dans la vie des autres.

Un écrivain qui a été résistant puis qui a connu les camps de concentration. Il devient ensuite professeur de philosophie et de littérature dans des universités françaises, puis aux États-Unis. Voici un livre étonnant et magnifique d’un auteur devenu aveugle à l’âge de huit qui offre une réponse aux personnes qui ont tendance à se plaindre de la vie.

Jacques Lusseyran dans Et la lumière fut

Une pièce musicale de Bill Withers interprétée avec Stevie Wonder – Ain’t No Sunshine

Les paroles en français https://www.lacoccinelle.net/246871-bill-withers-ain-t-no-sunshine.html

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