De la méditation

La méditation consiste à être conscient de chaque pensée, de chaque sentiment ; à ne jamais les juger en bien ou en mal, mais à les observer et à se mouvoir avec eux. En cet état d’observation, on commence à comprendre tout le mouvement du penser et du sentir. De cette lucidité naît le silence.

Un silence composé par la pensée est stagnation, une chose morte, mais le silence qui vient lorsque la pensée a compris sa propre origine, sa propre nature et qu’aucune pensée n’est jamais libre mais toujours vieille, ce silence est une méditation où celui qui médite est totalement absent, du fait que l’esprit s’est vidé du passé.

Si vous avez lu ce livre attentivement pendant une heure, c’est cela, la méditation. Si vous n’avez fait qu’en extraire quelques mots et que rassembler quelques idées afin d’y penser plus tard, ce n’est pas de la méditation.

La méditation est un état d’esprit qui considère avec une attention complète chaque chose en sa totalité, non en quelques-unes seulement de ses parties. Et personne ne peut vous apprendre à être attentif. Si un quelconque système vous enseigne la façon d’être attentifs, c’est au système que vous êtes attentif, et ce n’est pas cela, l’attention.

La méditation est un des arts majeurs dans la vie, peut-être « l’art suprême », et on ne peut l’apprendre de personne : c’est sa beauté. Il n’a pas de technique, donc pas d’autorité. Lorsque vous apprenez à vous connaître, observez-vous, observez la façon dont vous marchez, dont vous mangez, ce que vous dites, les commérages, la haine, la jalousie – être conscients de tout cela en vous, sans option, fait partie de la méditation.

Ainsi la méditation peut avoir lieu alors que vous êtes assis dans un autobus, ou pendant que vous marchez dans un bois plein de lumière et d’ombres, ou lorsque vous écoutez le chant des oiseaux, ou lorsque vous regardez le visage de votre femme ou de votre enfant.

Comprendre ce qu’est la méditation implique l’amour : l’amour qui n’est pas le produit de systèmes, d’habitudes, d’une méthode. L’amour ne peut pas être cultivé par la pensée ; mais il peut – peut-être – naître dans un silence complet en lequel celui qui médite est entièrement ab-sent. Un esprit ne peut être silencieux que lorsqu’il comprend son propre mouvement en tant que penser et sentir, et, pour le comprendre, il ne doit rien condamner au cours de son observation.

Observer de cette façon est une discipline fluide, libre, qui n’est pas celle du conformisme.

Jiddu Krishnamurti (1895-1986) : Il fut un libre penseur, qui s’est promené dans le monde. Il est considéré comme l’un des grands penseurs et maîtres spirituels. Il ne proposait aucune philosophie ou religion. Il expliquait avec minutie les subtils mécanismes de l’esprit humain, et il insistait sur la nécessité d’introduire une qualité profondément méditative et spirituelle dans notre vie de tous les jours. Il n’appartenait à aucune organisation, aucune secte, à aucun pays, ne s’inscrivait dans aucun courant de pensée, politique ou idéologique. Il affirmait tout au contraire que ce sont là les véritables facteurs qui divisent des hommes et entraînent les conflits et les guerres. Citation : Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire.

Jiddu Krishnamurti dans Se Libérer du Connu

Une pièce musicale de Avant-dernières pensées: II. Aubade

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