Acceptation radicale

Ce que nous éprouvons comme notre « moi » est un agrégat de pensées familières, d’émotions et de modes de comportement. L’esprit les rassemble, fabriquant ainsi l’histoire d’une entité individuelle qui se perpétuerait au fil du temps.

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Lorsqu’on se croit déficient et dépourvu de valeur, l’idée qu’on puisse être sincèrement aimé est difficile à admettre. Nous vivons, pour la plupart d’entre nous, sous l’emprise d’un sentiment dépressif latent qui nous interdit d’envisager être un jour, au moins en pensée, proche des autres. Car nous craignons d’être rejeté si jamais ils venaient à réaliser à quel point nous sommes bêtes ou ennuyeux, égoïste ou mal dans notre peau ; et si nous ne nous trouvons pas assez attirant, alors il est probable, pensons-nous, que nous n’aurons jamais de vie amoureuse. Nous mourons d’envie, pourtant, de vivre une expérience qui nous permette de trouver notre vraie place, de nous sentir à l’aise avec nous-même et autrui, pleinement accepté. Mais la transe de la déconsidération nous rend inaccessible la douceur de ce sentiment d’adéquation.

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Plus nous nous racontons anxieusement des histoires sur notre échec à venir ou sur ce qui ne tourne pas rond chez nous ou chez les autres, plus nous enracinons les réflexes routiniers – les circuits cérébraux – qui génèrent le sentiment d’insuffisance. À chaque fois que nous dissimulons une défaite, nous renforçons notre peur d’être insuffisant. Quand nous luttons pour impressionner ou surpasser les autres, nous renforçons la croyance implicite qui veut que nous ne soyons pas assez bien tel que nous sommes.

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Au lieu de nous détendre et d’apprécier qui nous sommes et ce que nous faisons, nous nous comparons à un idéal et tentons de combler l’abîme qui, pensons-nous, nous en sépare.

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L’acceptation radicale, c’est la volonté de faire telle qu’elle est l’expérience de ce que nous sommes, l’expérience de notre vie. Un moment d’acceptation radicale est un moment de pure liberté.

Tara Brach (1953 – ) est une psychothérapeute américaine. Étudiante, elle a découvert la méditation à l’occasion de retraites sous la houlette de Joseph Goldstein.

Son travail de doctorat en psychologie portait sur le recours à la méditation dans le traitement thérapeutique de l’addiction. Sa double expérience lui permet d’apporter aux patients qu’elle reçoit en psychothérapie certaines ressources de méditation et de mettre à profit ses connaissances psychologiques dans l’accompagnement des groupes de méditants. Elle est co-fondatrice avec Jack Kornfield du Awareness Training Institute qui transmet des pratiques de pleine présence et de compassion et certifie des instructeurs.

Tara Brach dans L’acceptation radicale

Une pièce musicale Fantasy for Solo Flute on Queen’s Bohemian Rhapsody

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