Amour et pardon

Le pardon est-il de l’amour ? Que suppose le pardon ? Vous m’insultez, je m’en offense, je m’en souviens ; et puis, ou de mon propre mouvement, ou bien par repentir je dis : ‘je vous pardonne’. D’abord je retiens, puis je lâche. Ce qui veut dire ? Que je suis toujours la figure centrale : c’est moi qui pardonne à quelqu’un. Dans l’attitude de pardon, c’est moi qui suis important, pas l’homme qui est censé m’avoir insulté. Donc, accumuler du ressentiment, puis abandonner ce ressentiment – c’est ce que vous appelez pardonner – ce n’est pas de l’amour.

Il est évident que l’homme qui aime ne peut avoir aucune inimitié, donc il est indifférent à toutes ces choses. La sympathie, le pardon, la relation possessive, la jalousie, la peur – toutes ces choses ne sont pas l’amour. Elles sont toutes des choses de l’esprit, n’est-ce pas ?

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L’amour n’est pas dans le champ de l’ego. Le moi ne peut pas reconnaître l’amour. Vous dites « j’aime » mais alors, dans le fait même de le dire, de faire cette expérience, l’amour n’est pas. Mais si vous connaissez l’amour, le moi n’est pas. Là où est l’amour, le moi n’est pas.

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La peur est une souffrance. La peur est la non-acceptation de ce qui « est ».
La peur n’existe que par rapport à quelque chose. C’est l’esprit qui crée la peur. Seule la connaissance de soi peut vous affranchir de la peur.
La connaissance de soi est le commencement de la sagesse et la fin de la peur.

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La réalité n’est pas une chose que l’esprit puisse connaître, car l’esprit est le résultat du connu, du passé ; donc l’esprit doit se comprendre et comprendre son fonctionnement, sa vérité, et alors seulement est-il possible à l’inconnu d’« être ».

Jiddu Krishnamurti (1895-1986) : Il fut un libre penseur, qui s’est promené dans le monde. Il est considéré comme l’un des grands penseurs et maîtres spirituels. Il ne proposait aucune philosophie ou religion. Il expliquait avec minutie les subtils mécanismes de l’esprit humain, et il insistait sur la nécessité d’introduire une qualité profondément méditative et spirituelle dans notre vie de tous les jours. Il n’appartenait à aucune organisation, aucune secte, à aucun pays, ne s’inscrivait dans aucun courant de pensée, politique ou idéologique. Il affirmait tout au contraire que ce sont là les véritables facteurs qui divisent des hommes et entraînent les conflits et les guerres. Citation : Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire.

Jiddu Krishnamurti dans La première et dernière liberté

Une pièece musicale de Rémi Geffroy – Homéostasie